L’ancien président de l’Assemblée nationale de Côte d’Ivoire, Guillaume Soro, en exil depuis 2019, souhaite ne plus être un fugitif, mais veut rentrer dans son pays pour participer à la réconciliation, en dépit des velléités d’arrestation.
Dans une déclaration, publiée ce dimanche 12 novembre 2023, il relate que la dernière tentative d’arrestation opérée à Istanbul, par le pouvoir d’Abidjan « démontre, si besoin en était, que le seul lieu de repos paisible que me souhaite M. Ouattara est bien le cimetière ».
« Est-ce le lieu auquel on destine son bienfaiteur, celui qu’on affublait du c’est mon fils ? », s’interroge-t-il, déclarant « non, je revendique le droit légitime à la vie, et je n’irai pas plus loin dans mon exil ».
« Je refuse d’être un fugitif, d’autant plus que, devant Dieu et les hommes, je ne suis coupable d’aucun forfait qui mériterait un tel châtiment. C’est pourquoi, ici et maintenant, j’annonce qu’à partir d’aujourd’hui, je mets fin à mon exil », dit-il.
Il justifie son intention de rentrer au pays du fait qu’il lui est « pénible de vivre loin de (sa) terre ancestrale et natale d’Afrique », avouant « je veux vivre dans la quiétude avec ma famille, mes proches et ceux que je chéris le plus ».
« Je veux pouvoir contribuer à la réconciliation des fils et des filles de mon pays et apporter ma pierre à l’édification de la paix et de la concorde entre les peuples d’Afrique », affirme M. Soro suite à « la tentative de kidnapping à l’aéroport international d’Istanbul ».
« Rassurez-vous, je me porte bien », lance-t-il, soutenant que le chef de l’Etat ivoirien, Alassane Ouattara a tenté de l’arrêter à l’aéroport d’Istanbul et de l’extrader, par la procédure d’urgence, en Côte d’Ivoire le 03 novembre 2023.
« Ceci n’est pas discutable. Depuis ces cinq longues années, son obsession forcenée à me mettre aux arrêts ne s’est jamais flétrie. Pis, elle s’est aggravée », rapporte M. Guillaume Soro, qui explique que cette situation est consécutive à son refus d’adhérer au Rhdp, le parti au pouvoir.
« Après m’avoir fait condamner par une justice émasculée et aux ordres, successivement à 20 ans et à perpétuité, il a entrepris de déclencher contre moi une féroce chasse internationale à l’homme », poursuit l’ancien Premier ministre ivoirien.
Et ce, « en dépit des décisions de la Cour africaine des droits de l’Homme et des peuples, qui a annulé toutes les poursuites contre moi, parce qu’elles étaient, vous le savez bien, politiquement motivées. Sachez-le : dans cette affaire, il ne s’est jamais agi de justice, mais plutôt de perfidie », martèle-t-il.
Déjà dans le courant de l’année 2020, précisément au mois de novembre, M. Ouattara a « exigé de la France où je résidais, mon arrestation et mon extradition. Paris, comme vous le savez, a décidé de m’interdire son territoire », mentionne M. Soro.
M. Soro rapporte, en outre, que « du 14 au 18 février 2022, Alassane Ouattara a effectué une visite officielle en Belgique avec, parmi ses priorités, l’obtention de (son) arrestation ». Il a « expressément exigé » que le visa Schengen qu’il détenait ne lui soit pas renouvelé.
« Il a insisté auprès du gouvernement belge pour que ce pays ne me délivre aucun document administratif qui m’aurait permis d’y résider légalement. Ceci aussi est incontestable et m’a contraint à emprunter une autre destination pour mon exil », souligne-t-il.
« En janvier 2022, je me suis installé à Dubaï. Le 23 décembre de la même année, recevant les lettres de créance de l’ambassadeur des Émirats Arabes Unis, il en a profité pour réclamer mon arrestation et mon extradition en Côte d’Ivoire. Ceci ne se discute pas non plus », renchérit-il.
Informé, l’ancien président de l’Assemblée nationale ivoirienne, confie avoir dû se résoudre, « la mort dans l’âme, à nouveau, à prendre le pénible chemin de l’exil, (s’enfonçant) toujours plus loin dans les confins du continent asiatique ».
AP/APA