La pêche, à Sassandra, station balnéaire dans le Sud-ouest ivoirien, représente plus de 70% des activités économiques avec environ 2 500 acteurs de la pêche et 2 300 femmes transformatrices. D’où leur appel pour la construction d’un quai et le retour du premier port délocalisé.
« Nous souhaitons, avec l’aide de l’Etat ivoirien qu’il y ait un port de pêche à Sassandra, puisque la production est grande », avec 5 000 tonnes de produits halieutiques par an, a dit dans un entretien, Mme Séraphine Djè Adjo épouse Soro, secrétaire générale à la préfecture de Sassandra.
La production de poissons « part directement sur d’autres marchés » réduisant l’approvisionnement local. « Avec ce port de pêche, les bateaux vont accoster ici, et cela va générer du travail pour nos populations et développer la ville », a-t-elle soutenu.
En outre, « nous souhaitons qu’il y ait un quai au débarcadère de Sassandra, et si possible faire revenir le port à Sassandra, la première ville de Côte d’Ivoire à avoir un port, qui a été délocalisé à San-Pedro dans les années 70 », a déclaré Mme Séraphine Soro.
San-Pedro (Sud-ouest), avec son port, classé premier exportateur mondial de cacao, est « aujourd’hui un pôle économique très incontournable (…) nous souhaitons aussi qu’il y ait un port de pêche pour que Sassandra puisse prendre son envol », a-t-elle insisté.
Transformation
Avec l’appui du projet Initiative pêches côtières – Afrique de l’Ouest (IPC-AO), piloté par la FAO et le ministère des Ressources animales et halieutiques, les transformatrices de produits de pêche de Sassandra, ont bénéficié d’une plateforme de fours améliorés dits fours FTT.
Ces fours FTT améliorent ostensiblement les conditions de travail et de vie des mareyeuses opérant dans la ville. Estimées à environ 2 300, les femmes transformatrices réalisent annuellement un chiffre d’affaires évalué à 4 milliards de Fcfa.
Rokia Coulibaly, 32 ans, une transformatrice professionnelle, retenue pour le fumage de poissons au niveau du local abritant les fours FTT, confie être « venue se défendre ici » pour gagner sa vie. Et ce, depuis le 2 septembre 2024, date de mise en service effective des fours FTT.
Avec les fours FTT, « la consommation de bois est réduite par cinq. Car, pour fumer 1 Kg de poissons dans les fours traditionnels, il faut 5 Kg de bois. Or, ici, on a essayé de réduire pratiquement à 1 Kg de bois pour 1 Kg de poissons », explique Dr Jérémie Labla Diomandé, consultant à la FAO.
Ces fours améliorés, qui offrent un cadre de travail plus aisé pour les femmes, les exposent moins à la chaleur et aux fumées. Le dispositif leur permet également d’avoir du temps pour vaquer à d’autres occupations pendant que les poissons sont fumés.
Défis et perspectives
« Nous avons un défi majeur, c’est la disponibilité de la production à un coût abordable pour la population. L’autorité préfectorale nous a instruit à l’effet de travailler avec le ministère du Commerce pour que les populations de Sassandra puissent accéder aux ressources halieutiques », affirme Dr Raymond Taha, le directeur régional des Ressources animales et halieutiques pour le Gbôklè, à Sassandra.
Dr Raymond Taha a fait observer que « les mareyeurs financent les marées et en retour sont rétribués selon la production » dans la chaîne de valeur. Il ajoutera que l’un des avantages des fours FTT permettent de conserver la production à travers le fumage des poissons.
La cheffe d’antenne du débarcadère de Sassandra, Justine Kouadio a révélé que l’on dénombre, sur ce littoral, des pêcheurs Ghanéens, Libériens, Ivoiriens et Togolais. Les plus dominants sont les Ghanéens estimés à plus de 2 123 pêcheurs et 359 propriétaires de pirogues.
« Au niveau des Libériens, nous avons 58 propriétaires d’embarcation et 131 pêcheurs pour la pêche maritime, contre 25 propriétaires d’embarcation et 68 pêcheurs pour les Ivoiriens », a-t-elle précisé. L’un des défis des autorités locales est d’intéresser les Ivoiriens à l’activité de pêche maritime.
Sassandra est, par ailleurs, un pôle touristique important. La cité dispose de piscines naturelles, de vieilles bâtisses du temps colonial, telles que le Palais de Binger, un wharf et le tunnel des esclaves où transitaient les esclaves pour l’embarcation sur la mer.
AP/Sf/APA