C’est la première fois que le prix minimum garanti aux producteurs pour la campagne intermédiaire est supérieur à celui de la campagne principale, en Côte d’Ivoire.
Le ministre d’Etat, ministre de l’Agriculture, du développement rural et des productions vivrières, Adjoumani Kouassi, a procédé ce mardi 2 avril 2024, à Abidjan, à l’ouverture officielle de la campagne intermédiaire du cacao.
Pour « la campagne intermédiaire, le résultat des ventes par anticipation de la récolte d’avril à septembre 2024 a permis de réaliser un prix CAF moyen de 2.326 FCFA/Kg. Sur cette base, l’État a décidé de servir le prix aux producteurs à 1.500 FCFA/Kg, soit 64% du prix CAF », a dit M. Adjoumani.
C’est ostensiblement un niveau de prix historique jamais réalisé, en Côte d’Ivoire, dans la filière cacao, fer de lance de l’économie ivoirienne. La filière cacao contribue pour plus de 40% des recettes d’exportation et plus de 15% du PIB du pays.
Cette augmentation du prix aux producteurs a lieu dans un contexte de montée des cours du cacao sur le marché mondial, dû au réchauffement climatique, qui a entraîné une baisse de la production. Sur le marché de Londres, le cours du cacao a atteint 6.300 FCFA le Kg, un niveau jamais atteint.
Depuis la création du Conseil du Café-Cacao, organe de régulation, en décembre 2011, la Côte d’Ivoire a opté pour l’octroi d’au moins 60% du prix CAF du cacao aux producteurs, en exploitant un système stabilisé, basé sur la vente par anticipation d’une bonne partie de la récolte, sur les marchés à terme.
Selon le ministre d’Etat, ce système a très bien fonctionné depuis 2012, et a permis de procurer des revenus rémunérateurs aux producteurs ivoiriens de café et de cacao, dans un contexte international caractérisé par des prix faibles.
A l’ouverture de la campagne principale 2023-2024, le 1er octobre 2023, le gouvernement a fixé un prix minimum garanti de 1.000 FCFA le Kg de cacao. Ce prix résultait du prix CAF moyen de 1.635 FCFA le kilogramme issu des ventes par anticipation d’octobre 2023 à mars 2024.
Pour contrôler les cours sur le marché mondial, la Côte d’Ivoire et le Ghana, qui cumulent plus de 60% de la production internationale, ont lancé en 2018 des négociations pour l’obtention du Différentiel de revenu décent (DRD), au profit des producteurs.
M. Adjoumani Kouassi a rappelé que les 12 années de stabilisation (2011-2023) ont permis d’obtenir, avec les ventes anticipées, un prix CAF moyen/kg de 1.428 FCFA, contre 1.076 FCFA servis lors des campagnes où régnait le système libéralisé, avec les ventes spots, de 2000 à 2011.
Concernant « le système stabilisé, c’est que la hausse quotidienne des cours mondiaux n’est pas répercutée immédiatement, mais elle profite aux producteurs avec un décalage dans le temps, puisque les ventes de la récolte future s’effectuent au moment même de cette hausse », a-t-il expliqué.
Thibault Yoro, le secrétaire général de la Centrale syndicale agricole de Côte d’Ivoire, s’est dit « très content de ce prix », car « 1.500 Fcfa le Kg, ce n’était pas évident », souhaitant un « système de prix hybride » qui prend en compte le système de stabilisation et le système de libéralisation.
AP/APA