L’organisation onusienne appuie l’Etat ivoirien, à travers différentes entités, afin de reconstituer le couvert forestier du pays qui connaît une dégradation avancée.
Dans ce contexte, la FAO a mis en place avec ses partenaires le Projet PROMIRE, visant à promouvoir une production de cacao sans déforestation pour réduire les émissions de CO2 dans le pays, ainsi que la restauration forestière.
Le Comité de pilotage du projet a effectué ce mercredi 6 décembre 2023, une visite de terrain de parcelles d’agroforesterie à Aboudé Kouassikro et des parcelles de restauration forestière à Oress Krobou, deux villages du Département d’Agboville (Sud).
Le projet est exécuté dans trois régions forestières de la Côte d’Ivoire, notamment l’Agneby-Tiassa, la Mé et le Sud Comoé. Mino Randrianarison, responsable technique du projet Promire au siège de la FAO, à Rome, s’est félicitée de ce que les objectifs ont « doublé, voire triplé ».
Mino Randrianarison, forestière de la FAO, a dit qu’en termes de statistiques, jusqu’à maintenant, le projet Promire a permis de « réaliser 350 hectares (ha) de restauration forestière », ajoutant qu’« on va viser 1.000 ha pour l’année prochaine (2024), pour les trois régions ».
« On a encore trois ans de mise en œuvre du projet et le Comité de pilotage a décidé, lors d’une réunion le mardi 5 décembre 2023, qu’il y aura une intensification des appuis qui seront faits dans les trois régions couvertes par le projet pour l’année 2024 », a-t-elle renseigné.
« Depuis le début du projet (en 2019), on a fait un appui d’à peu près 1.200 ha, voire un peu plus de 1.200 ha de plantations cacaoyères en termes d’agrosystème », a-t-elle mentionné, annonçant une projection « au minimum de 2.200 ha » pour 2024.
Les perspectives devraient permettre de « doubler rapidement, voire tripler les objectifs pour la restauration forestière » dans ces régions ciblées, a fait savoir Mme Mino Randrianarison, ajoutant que c’est « le challenge pour l’année prochaine ».
Dans le village de Aboudé Kouassikro, Augustin Ahibi Yao, un producteur de cacao, bénéficie du projet d’agroforesterie. Sa parcelle d’une superficie de 11,5 ha est suivie par Nadjo Traoré, technicienne spécialisée dans les cultures pérennes à l’Agence nationale d’appui au développement rural (ANADER).
Selon Mme Nadjo Traoré, des arbres forestiers tels que le Fraké, le Tiama, le Framiré, le Petit cola et des plants fruitiers, notamment l’oranger et l’avocatier ont été introduits dans la plantation et aux alentours afin de reconstituer le couvert forestier.
M. Ahibi a rappelé que feu Félix Houphouët-Boigny, le premier président ivoirien, avait en 1969 motivé les paysans à conserver le couvert végétal pour garantir la faune, illustrant cela par un planting d’arbre initié par le « Père de la nation », qu’il a présenté fièrement.
« Le reboisement va faire notre bonheur », lance cet homme, aujourd’hui âgé de 75 ans. Il prie que l’ANADER l’aide à entretenir ses parcelles qui autrefois renfermaient de nombreuses espèces d’arbres, prisés par des exploitants forestiers.
A quelques encablures, Pascal Akalé Gohi et son épouse entretiennent une plantation de cacao de 2,5 ha. En dépit du planting d’arbres forestiers dans sa parcelle et l’usage d’engrais organique, le compost organique, il affiche une performance de 2,2 tonnes à l’hectare, réalisée en 2022 contre 1,2 tonne l’année précédente.
L’équipe du Comité de pilotage a visité ensuite des parcelles de restauration forestière dans le village Oress Krobou. Le projet dans cette zone est suivi par l’ONG Santé-Education-Développement (SED) qui propose des essences telles que le teck.
Aimé Lidji Ngbo, l’un des bénéficiaires du projet de restauration forestière, s’est réjoui de cette initiative. Plus tard, dit-t-il, « les arbres vont nous revenir, mais vont contribuer à lutter contre la déforestation et la destruction de la couche d’ozone », au profit de l’humanité.
Les plants forestiers et fruitiers introduits dans les parcelles reviendront aux producteurs. L’Etat a établi un contrat avec les paysans afin de conserver ces arbres sur une durée de 20 ans, au terme de laquelle ils pourraient bénéficier du projet de crédit carbone.
Dans le nouveau Code forestier, le gouvernement ivoirien a prévu des Paiements pour services environnementaux (PSE), dont les modalités sont « en cours de discussion » pour impulser la restauration du couvert forestier de la Côte d’Ivoire.
Le couvert forestier ivoirien est estimé à 2,97 millions d’hectares, soit 9,2% du territoire national, selon le dernier inventaire forestier et faunique national (IFFN). Au cours de ces 60 dernières années, 90% de la surface de la forêt du pays a disparu.
La Côte d’Ivoire s’est engagée en juin 2011 dans le mécanisme international de réduction des émissions de gaz à effet de serre dues à la déforestation et à la dégradation des forêts (REDD+) avec pour objectif d’augmenter sa couverture forestière jusqu’à 20% à l’horizon 2030 et s’assurer d’un développement durable et résilient face aux changements climatiques.
AP/APA