La junte soudanaise a libéré Amira Osman détenue depuis deux semaines.
Les militants et activistes au Soudan se sont montrés soulagés à l’annonce de la libération de leur camarade. Amira Osman, militante féministe ayant participé aux récentes manifestations contre le régime militaire au pouvoir, avait été arrêtée lors d’une descente à son domicile par les forces de sécurité.
« Nous étions très préoccupés par sa santé et par ce qui pourrait lui arriver en détention. Préoccupé également, car c’est une militante très connue qui n’a pas sa langue dans sa poche et n’hésite pas à dire tout haut ce qu’elle pense. Nous avions peur de ce qui puisse lui arriver », a indiqué Hala Karib, à la tête d’un réseau d’ONG d’aide aux femmes.
« Jusqu’à ce qu’elle soit relâchée, nous ne s’avions pas où elle se trouvait. Puis elle a été emmenée à un poste de police où elle a été inculpée et libérée sous caution. Apparemment elle possède une arme à feu, elle fait partie d’un club de tir, et ils l’ont inculpé pour cette raison. Donc nous sommes contents qu’elle soit sortie, mais n’oublions pas qu’il y a encore de nombreuses militantes du droit des femmes qui sont encore détenues », a-t-elle ajouté.
En plus des nombreuses protestations au sein de la communauté internationale après l’arrestation d’Amira Osman, la mission des Nations Unies au Soudan avait déclaré que sa « détention participe de la réduction de la participation politique des femmes dans le pays ».
Le Soudan est en ébullition depuis le 25 octobre 2021. L’armée, dirigée par le général Abdel Fattah al-Burhane, a limogé le gouvernement de transition du Premier ministre Abdallah Hamdok et déclaré l’état d’urgence.
Impasse politique
Avant la prise de pouvoir militaire, le Soudan était gouverné par un conseil de souveraineté composé de responsables militaires et civils chargés de superviser la période de transition jusqu’aux élections de 2023.
Hamdok a été réintégré le 21 novembre à la suite d’un accord. Les manifestants ont dénoncé l’accord, insistant sur la suppression de toute influence militaire sur la coalition gouvernementale de transition. Il a démissionné le 2 janvier, invoquant une impasse politique.
Depuis lors, les manifestations se font plus accrues dans la rue par des personnes qui réclament le retour des civils à la tête du Soudan. En dépit des critiques et menaces de sanctions venues de l’étranger, les autorités militaires continuent de réprimer les contestations.
Si Washington a gelé 700 millions de dollars d’aide et la Banque mondiale l’intégralité de ses paiements à ce pays de la Corne de l’Afrique, dans la foulée du putsch, pour l’ONG des droits humains Human Rights Watch (HRW), il faut « des mesures concrètes pour faire cesser la répression ». De son côté, la secrétaire d’État adjointe américaine, Molly Phee, a récemment menacé de « faire payer aux dirigeants militaires un coût plus lourd encore si la violence continue ».
La semaine dernière, le général putschiste Abdel Fattah al-Burhan a évoqué pour la première fois des conditions pour rendre le pouvoir aux civils, alors que les Comités de résistance ont annoncé un maintien de la mobilisation populaire pour le faire plier.
« S’ils sont d’accord et s’assoient avec nous, nous sommes prêts à les rejoindre et à dialoguer avec eux. Ils peuvent même décider de nous couper le cou et nous serions prêts à cela. Ce qui compte pour nous, c’est l’accord de tous les Soudanais, après quoi nous leur transférerons le +pouvoir confié+ par le biais d’élections ou d’un accord national », a-t-il déclaré au site d’information Sudan Tribune.
ODL/te/APA