La violente altercation, mardi dans un prestigieux hôtel genevois, entre la garde rapprochée du président Paul Biya et des activistes comptant l’y déloger, continue de passionner les journaux camerounais parus jeudi, au même titre que la crise sécessionniste anglophone et la 32ème Coupe d’Afrique des nations (Can) de football égyptienne, à laquelle prend part le pays.
Fidèles à leurs comportements de voyous et de sauvages, des compatriotes résidant à l’étranger, sous la dénomination de «Brigade anti-sardinards» (Bas), se sont encore illustrés par des actes barbares, sauvages et dignes de l’homme des cavernes en se donnant en spectacle dans une nation, la Suisse, aux traditions policées où la violence et la barbarie ont disparu depuis des millénaires, soupire le bihebdomadaire Aurore Plus.
C’est tout simplement «honteux !» s’exclame le quotidien à capitaux publics Cameroon Tribune qui brandit son «carton rouge à la Bas», dont ce n’est pas le premier acte de ce type : le cuisant revers que vient de subir la mission avancée de ce groupe ce groupe à l’hôtel Intercontinental de Genève, en se faisant molester par les gardes du corps du président de la République, devrait faire réfléchir les plus téméraires qui oseraient encore s’engager dans cette démarche périlleuse.
La réponse la plus cinglante audit groupe vient d’un désormais dissident, l’ex-commissaire de police déserteur Junior Zogo, connu pour être parmi les membres de la diaspora les plus virulents vis-à-vis du pouvoir Biya. InfoMatin, a recueilli son avertissement dans lequel il déclare la guerre à ses désormais ex-camarades de lutte qualifiés de horde de haineux, terroristes, tribalistes, chômeurs, illettrés, braqueurs et prostitués en Europe.
Mais que fait donc la classe politique ? s’interroge pour sa part Le Messager, s’étonnant du silence ronflant des différentes chapelles sur ces incidents violents. À commencer par le Rassemblement démocratique du peuple camerounais (Rdpc, au pouvoir) qui tarde à défendre son champion.
Sous le titre «Paul Biya va-t-il défier la Brigade anti-sardinards ?» Défis Actuels, qui annonce un autre face à face, samedi prochain à Genève entre le président de la République et ce mouvement hostile à son régime, l’échauffement auquel l’on a déjà eu droit pouvant déjà donner le ton de la manifestation.
Certains proches du pouvoir en place continuent certes de minimiser la force de nuisance de la Bas, mais dans les faits, ce mouvement a par le passé posé des actions qui méritent que des mesures spéciales soient prises contre lui, prévient cet autre bihebdomadaire, rappelant la mise à sac à lui attribuée, en janvier dernier, de plusieurs ambassades du Cameroun à l’étranger, ou encore de la perturbation d’un office religieux pour la paix, organisé en avril suivant à Londres, en Angleterre, par les autorités diplomatiques camerounaises.
Une autre personnalité de premier plan, qui vient de connaître les affres de l’insécurité et que présente The Guardian Post, c’est l’archevêque de Bamenda, le chef-lieu de la région du Nord-Ouest, Cornelius Fontem Esua, enlevé mardi par un groupe sécessionniste anglophone puis relâché au bout de 24 heures.
Pendant sa captivité, relate The Post, l’homme d’Église a tenu tête à ses ravisseurs en continuant à prôner la reprise des classes dans les zones anglophones, où des centaines d’enfants ne sont plus allés à l’école depuis deux années.
«Si vous voyez même ces jeunes garçons, ce sont des innocents âgés entre 20 et 25 ans qui, certainement, étaient scolarisés. Pour être aussi agressifs comme ils le sont, ils prennent des stupéfiants. Et quand ils reviennent à la raison, ils demandent pardon», relate le prélat dans les colonnes de Mutations à propos de ses ravisseurs.
Et d’ajouter : «Je les ai exhortés à laisser les enfants aller à l’école. Ils m’ont confié que cela sera fait. Tout ceci est important car si on prétend lutter pour la justice, il faudrait que nous-mêmes nous pratiquions cette justice. D’autant plus qu’on ne peut pas détruire celui qu’on prétend protéger. Au moment de nous séparer, j’ai prié pour eux, je leur ai distribué des Bibles.»
Passant sans transition à la Can égyptienne, Mutations s’interroge gravement sur ce qu’il qualifie de «phénomène des gradins vides» et le public boude les stades, au pays des Pharaons depuis l’ouverture de cette compétition, le 21 juin dernier.
Cameroon Tribune, faisant le bilan de la première journée dans les différentes poules, préfère pour sa part jauger le niveau général des 24 sélections : «Cette compétition, qui n’en est qu’à ses débuts, n’a certainement pas fini de livrer ses surprises et ses révélations. Au regard des premières empoignades, la première journée se présente comme un avertissement à tous les favoris qui seraient tentés de prendre de haut les équipes dites ‘’petites’’. C’est donc une Can très ouverte avec des surprises et des désillusions en perspective.»
FCEB/cat/APA