Les contours du Grand dialogue national, annoncé par le président Paul Biya pour la résolution de la crise sécessionniste anglophone et d’autres sujets cruciaux du pays, continuent d’animer les colonnes des journaux camerounais parus lundi au même titre que la grève des avocats.
«Dialogue : la grande bousculade» est, sur fond de drapeau national vert-rouge-jaune, la principale manchette du bihebdomadaire L’Essentiel : «C’est un grand coup de pied que Paul Biya a donné dans la fourmilière politique en annonçant, le 10 septembre dernier, la tenue du Grand dialogue national dès la fin de ce mois. Depuis lors, des Camerounais se bousculent sur les plateaux de télévision, sur les ondes des radios, dans les journaux et aux portes de la Primature pour annoncer leur participation à la grand-messe politique qui se prépare. Ils y déclinent également les contenus de leurs programmes qui pourraient constituer des sources d’inspiration des débats.»
La motivation y est en effet, acquiesce le quotidien à capitaux publics Cameroon Tribune, rendant compte des dernières audiences du Premier ministre, Joseph Dion Ngute, dans le cadre des consultations préalables prescrites par le président de la République.
La repentance et la contrition de tous les acteurs, sont nécessaires, sinon un préalable pour entrer dans la mystique du pardon qui va ouvrir la voie à la réconciliation, renchérit L’Anecdote. Toutes les parties doivent faire des concessions, souligne, dans Défis Actuels, l’économiste Thierry Amougou, par ailleurs fondateur d’un think-tank voué aux questions de démocratie et de développement.
Premier parti de l’opposition parlementaire, le Front social démocratique (SDF) étale, dans cette publication mais aussi dans Eden, The Post, The Sun et The Star, ses conditions pour un dialogue inclusif : l’amnistie générale pour les combattants séparatistes, un médiateur neutre, un débat sur la forme de l’État excluant les représentants de l’armée, entre autres.
La lame de fond, c’est-à-dire le plus important, c’est qu’enfin Paul Biya, dont la trajectoire politique prédispose peu à la culture du dialogue, a accepté de donner une chance à la paix dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest en conviant tout le monde ou presque autour de l’arbre à palabre, analyse Mutations, pour qui les forces d’opposition ont tout intérêt à saisir la perche de ce dialogue pour impacter l’agenda politique de ce septennat historique.
En 10 points, Aurore Plus s’attèle à décrypter «les questions qui fâchent» entre problématiques, zones d’ombres, attrape-mouches et écueils de la grande palabre nationale façon Biya. Sous la pression de la communauté internationale, et plus que jamais embarrassé par la situation chaotique sur le terrain, le bihebdomadaire regrette que Paul Biya, qui n’aime pas donner l’impression de céder à l’opinion publique, s’est résolu à faire ce qu’il aura dû organiser depuis le début de la crise anglophone.
Et de mettre en garde contre un dialogue déjà vicié : autant, sous nos cieux, on n’organise pas une élection pour la perdre, autant le pouvoir entend garder la haute main sur le rendez-vous dont il tient seul les clés.
L’Indépendant, loin des préjugés, préfère évoquer la conclusion d’un nouveau contrat social, que Paul Biya propose à ses compatriotes à travers la crise anglophone. C’est même, croit savoir Intégration, d’une nouvelle République en gestation qu’il s’agit.
L’Indépendant, encore, évoquant le maintien du mot d’ordre de grève de 5 jours des avocats, y voit rien moins qu’un « agenda caché» à l’heure où le pouvoir de Yaoundé fait face à plusieurs foyers de tension. Le Messager n’est pas loin de partager cet avis, qui se penche sur «les non-dits» de l’opération «tribunal mort» qui débute ce lundi.
Un groupe de travail ad-hoc est désormais à pied d’œuvre pour désamorcer la grogne des auxiliaires de justice, annoncent Cameroon Tribune, L’Essentiel et Repères. Pour Mutations, les multiples négociations entre les pouvoirs publics et l’Ordre national des avocats ont jusqu’ici accouché d’une souris. C’est justement, appuient Le Jour, The Guardian Post et The Sun, parce que les pourparlers n’ont rien donné jusqu’à présent que les hommes en robe noire maintiennent leur mot d’ordre.
FCEB/cd/APA