L’annonce, la veille, de la suspension du pays de la Loi américaine sur la croissance et les opportunités de développement en Afrique (Agoa), mais aussi le retour en force des tensions politiques, constituent les principales préoccupations des journaux camerounais parus vendredi.
Il fut un temps, commence The Guradian Post, où le chef de l’exécutif américain, Donald Trump et son homologue de Yaoundé, Paul Biya, donnaient au monde l’impression de partager les mêmes valeurs pour la démocratique et les libertés publiques. Mais l’échange de bons procédés est terminé, à lire les titres d’Émergence, Mutations, Le Jour et Le Messager, relayant le communiqué de l’ambassade US annonçant la suspension, dès le 1er janvier 2020, des facilités accordées au pays en matière d’exportations vers les États-Unis.
À l’origine de cette brouille, ces quotidiens à capitaux privés notent que le régime Biya est, à travers son armée, accusé de graves atteintes au droits humains, d’exécutions extrajudiciaires, de détentions arbitraires et de torture. En 2018, rappelle Le Messager, l’Agoa représentait 63 des quelque 220 millions de dollars de biens et services exportés par le pays vers le pays de l’oncle Sam.
Le poids de cette Loi est moyen pour le Cameroun, estime Le Jour, mais «il est évident que l’impact de la décision de suspension du Cameroun de l’Agoa est plus politique et symbolique qu’économique». Avant cette mesure, rappelle Mutations, les États-Unis avaient déjà réduit leur aide au Cameroun sur la base d’allégations de violations de droits de l’homme, notamment dans l’Extrême-Nord.
Il n’empêche, semble répondre en écho le quotidien à capitaux publics Cameroon Tribune, le pays est une terre d’opportunités en matière d’affaires avec notamment un cadre normatif incitatif et une nouvelle règlementation des changes.
Toujours est-il, rétorque Le Messager, que le ciel politique s’obscurcit de nouveau entre le pouvoir et le Mouvement pour la renaissance du Cameroun (MRC, opposition) que le système veut «broyer». Le parti, explique Le Jour, vient de voir ses trois meetings de rentrée interdits par des autorités préfectorales soupçonnées d’être à la solde du régime.
Face à ces manœuvres honteuses, le parti de Maurice Kamto dont plus de 100 dirigeants, alliés et militants viennent par ailleurs de bénéficier d’un arrêt des poursuites devant le tribunal militaire après 9 mois d’emprisonnement, affirme qu’il ne cèdera pas aux provocations du pouvoir, ni aux manœuvres d’ostracisme ou à sa criminalisation par une administration aux ordres.
FCEB/cat/APA