Alors que le Sénégal veut assurer d’ici peu sa souveraineté alimentaire, des acteurs agricoles du pays indiquent que les autorités doivent relever un certain nombre de défis au préalable.
Parcourant de nombreux kilomètres, des paysans du Conseil national de concertation et de coopération des ruraux (CNCR) ont rencontré, jeudi 25 janvier à Dakar, des journalistes pour expliquer les défis qui « entravent les capacités des exploitations familiales à nourrir les sénégalais et assurer une souveraineté alimentaire à notre pays ». Conscients des enjeux de l’heure, ils ont profité de l’occasion pour appeler « les autorités sénégalaises actuelles et futures » à prendre en considération leurs propositions pour atteindre les objectifs fixés au secteur de l’agriculture.
Ces propositions, que ces ruraux invitent vivement les candidats à la présidentielle de février 2024 à intégrer dans leurs « politiques et programmes » de campagne, sont formulées en six points par le CNCR. Selon son président Nadjirou Sall, il s’agit d’abord de « promulguer et mettre en application un décret qui formalise le statut juridique des exploitations agricoles familiales ». Cette mesure devrait « faciliter leur accès au crédit et aux opportunités de financement, ainsi que de favoriser l’autonomisation des femmes et l’emploi des jeunes ».
Outre la protection sociale des personnes exerçant les métiers de l’agriculture et l’organisation de la première session du Conseil supérieur d’orientation agro-sylvo-pastoral en 2024, ils demandent également l’amélioration « de façon quantitative et qualitative » des financements destinés aux exploitations familiales, l’adoption et la mise en œuvre d’une stratégie nationale d’insertion des jeunes dans les chaines de valeur agro-sylvo-pastorales et halieutiques ainsi que l’adoption d’une politique foncière qui « sécurise durablement » les activités agro-sylvo-pastorales et halieutiques des exploitations familiales.
Pour M. Sall, ces différents défis plombent pour le moment la modernisation du métier d’agriculteur au Sénégal. Il urge donc « d’augmenter durablement » la productivité des exploitations familiales face au changement climatique, « rémunérer mieux leur travail et protéger les consommateurs ». Cela suppose « des politiques publiques définies et mises en œuvre d’une manière concertée et qui responsabilisent les acteurs privés et surtout les organisations professionnelles agricoles », appuie le président du CNCR.
Né dans les années 1970 en réponse aux défis posés par les sécheresses et les politiques d’ajustement structurel, ce mouvement se définit comme un acteur incontournable du développement rural au Sénégal. Sa mission est de promouvoir une agriculture paysanne durable, capable de garantir la sécurité alimentaire, de contribuer à la création d’emplois et au développement économique du Sénégal
Depuis plus d’un demi-siècle, le CNCR a mené des « luttes » qui ont permis d’obtenir des avancées significatives dans différents domaines, tels que la reconnaissance du rôle des organisations paysannes dans la gouvernance du secteur agricole, la mise en place de mécanismes de concertation et de financement de l’agriculture, ou encore la protection sociale des personnes exerçant des métiers agricoles à travers la Loi d’orientation Agro-sylvo-pastorale (LOASP) promulguée en 2004, rappelle Nadjirou Sall.
ODL/te/APA