Abordant les questions internationales avec la presse, notamment son rôle en tant que médiateur entre l’Alliance des États du Sahel (AES) et la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao), Bassirou Diomaye Faye a « dit appréhender sa mission avec humilité et pragmatisme ».
Le Burkina Faso, le Mali et le Niger, regroupés au sein de l’AES, ont annoncé en janvier leur départ de l’organisation communautaire, l’accusant d’être instrumentalisée par des puissances étrangères. A l’occasion de son 65e sommet tenu dimanche 11 juillet à Abuja, au Nigeria, la Conférence des chefs d’État de la Cédéao a désigné le président sénégalais et son homologue togolais Faure Gnassingbé comme «facilitateurs » dans les discussions avec les dirigeants nigérien, malien et burkinabè qui, 24 heures plus tôt, ont adopté le Traité instituant la Confédération de l’Alliance des Etats du Sahel.
Interrogé sur ses chances de réussite dans cette médiation et sa collaboration avec le président togolais, ainsi que le président bissau-guinéen Umaro Sissoco Embaló, le chef de l’Etat sénégalais a expliqué que la situation de l’organisation régionale est préoccupante. « Aujourd’hui, la Cédéao est en difficulté, et quand des pays cherchent à sortir de cette organisation, cela indique qu’elle ne se renforce pas. Nous devons gérer cette situation malheureuse en parlant aux uns et aux autres. J’ai la chance de ne pas avoir été là quand ces sanctions ont été prises, ce qui facilite le dialogue. Nous devons utiliser cette position pour servir la communauté, c’est-à-dire tous les pays, et travailler à la réconciliation pour renforcer l’intégration », a-t-il déclaré.
Le président sénégalais a également souligné ses efforts pour renforcer les relations bilatérales du Sénégal avec ses voisins. « Je n’ai pas attendu d’aller à la Cédéao pour raffermir les relations du Sénégal avec ses voisins. J’ai profité de ces visites pour leur exprimer mon respect pour leur souveraineté et attirer leur attention sur l’importance de revenir autour de la table des négociations. Un conflit sans dialogue n’est pas acceptable. Même si des pays décident de quitter la Cédéao, il faut administrer cette situation, discuter de ce qu’ils avaient et de ce qu’ils auront en dehors de la Cédéao, notamment sur des défis communs comme le terrorisme et les trafics illicites », a-t-il rappelé.
Le président Faye dit appréhender sa mission avec humilité et pragmatisme, en insistant sur la nécessité de continuer à dialoguer malgré les défis. « Je ne me fais pas d’illusions, j’aborde cette mission avec humilité, en dialoguant et en cherchant à réconcilier les positions. Les décisions des États de l’Alliance du Sahel seront respectées, mais il est essentiel de continuer à discuter en raison des défis communs. J’ai été mandaté pour cette mission au même titre que le président du Togo, et je prévois de le rencontrer, ainsi que d’autres présidents, pour définir les moyens de faciliter ce dialogue. J’ai également convaincu le professeur Abdoulaye Bathily de devenir un envoyé spécial pour cette mission de médiation et d’autres missions, en raison de son expérience et de sa stature internationale », a-t-il indiqué.
AC/Sf/APA