Du 13 au 16 mai 2025, Bamako a été le théâtre d’une mission de haut niveau réunissant les directeurs généraux des douanes du Mali, du Burkina Faso et du Niger. La rencontre stratégique s’inscrit dans le cadre de l’opérationnalisation progressive de la Confédération des États du Sahel (AES), avec un accent particulier sur l’harmonisation douanière, levier essentiel de l’intégration économique régionale.
Une mission de trois jours à Bamako, autour de l’harmonisation douanière, a eu comme point d’orgue une audience de travail, le vendredi 16 mai, entre les directeurs généraux des douanes des pays de l’ AES et le Premier ministre malien, le général de Division Abdoulaye Maïga. Les échanges ont permis de dresser un bilan des avancées enregistrées depuis un an et de tracer les grandes lignes des prochaines étapes. À ce jour, les administrations douanières des trois pays ont déjà harmonisé leurs procédures de dédouanement, mutualisé plusieurs outils techniques, et testé avec succès une coordination opérationnelle sur plusieurs corridors transfrontaliers. Une source proche du dossier affirme que plus de 75 % des mesures prévues dans la feuille de route AES 2024-2025 ont déjà été mises en œuvre.
Le Directeur général des Douanes du Mali, Amadou Konaté, a salué un « travail remarquable accompli par les équipes tripartites », parfaitement aligné avec les orientations fixées par les chefs d’État de la Confédération. Ces efforts ont déjà produit des résultats concrets, notamment une réduction moyenne des délais de passage aux frontières, qui sont passés de neuf à six jours sur l’axe Bamako-Ouagadougou. Parallèlement, les échanges formels entre les trois pays ont progressé de 11 % entre janvier et avril 2025, signe tangible de l’efficacité des réformes engagées.
Au-delà des résultats immédiats, l’une des priorités de cette réunion était de préparer les futures discussions avec la Cédéao. Bien que suspendus des organes de la communauté, les pays de l’AES s’attachent à garantir la compatibilité de leurs nouvelles mesures douanières avec le Tarif extérieur commun et les règles d’origine communautaires. Préserver une cohérence commerciale à l’échelle régionale reste une exigence stratégique, tant pour la fluidité des échanges que pour la sécurité juridique des acteurs économiques.
Le Premier ministre malien a salué, lors de l’audience du 16 mai, la rigueur, la vision et l’esprit de solidarité, qui guident désormais la coopération douanière au sein de l’AES. Il a souligné l’importance cruciale d’une souveraineté économique renforcée dans un contexte marqué par la montée des risques d’évasion fiscale de la part de certains groupes transnationaux. Selon lui, la douane doit désormais être perçue comme une « frontière mobile et intelligente », au service de l’intérêt général.
Les prochaines étapes, à Bamako, consisteront à finaliser la feuille de route AES 2025-2027. Celle-ci prévoit notamment la mise en place de cellules mixtes de contrôle, l’interconnexion totale des systèmes informatiques aux postes frontières, et l’extension du dispositif douanier aux recettes régionales secondaires. Cette réunion a été largement interprétée comme un signal fort de la volonté politique d’approfondir l’intégration fonctionnelle du Sahel à travers ses institutions opérationnelles.
MD/te/Sf/APA