Le Conseil de l’Ordre national des avocats du Cameroun a annoncé, par voie de communiqué reçu dimanche par APA, le maintien du mot d’ordre de suspension du port de la robe assortie du boycott des tribunaux du 16 au 20 septembre pour dénoncer les maux dont souffre le corps judiciaire ainsi que les tracasseries et maltraitances dont sont l’objet ses membres.
Dans un communiqué adressé à ses confrères, le bâtonnier Charles Tchakouté Patie indique que la session extraordinaire dudit Conseil, prévue le même jour dans la capitale, Yaoundé, n’a pu se tenir faute de quorum. «En conséquence, la résolution du 31 août 2019 conserve ses pleins et entiers effets.»
Le barreau remercie toutefois le gouvernement pour les efforts entrepris, en vue de l’examen des préoccupations exprimées par les avocats, et entend poursuivre le dialogue engagé à cet effet.
À ce propos, le ministre délégué à la Justice, Jean de Dieu Momo a, vendredi dernier, lors d’une réunion avec les protestataires, les responsables de l’armée, de la police, de la gendarmerie, jugé «contreproductif et même incongru» que le barreau tente de s’ériger en contre-pouvoir, «alors qu’il est un démembrement déconcentré dudit pouvoir».
«(…) le barreau du Cameroun est un ordre professionnel et non un parti politique d’opposition ni une ONG des droits de l’homme», a-t-il glissé subrepticement, invitant ses non moins confrères à avoir à cœur l’intérêt public et des populations, «car le barreau est et doit être un pilier responsable de la construction nationale».
Dans leurs résolutions de fin août dernier, les hommes en robe noire ont annoncé, à l’expiration des 5 jours de boycott des audiences, d’autres mesures allant dans le même sens, qui «pourraient être prises, s’il y a lieu».
Dans son mot d’ordre en effet, le barreau camerounais égrène un chapelet de griefs, dénonce moult entraves à l’exercice professionnel, ainsi que des atteintes physiques et récurrentes contre ses membres de la part des forces de l’ordre. De même, l’Ordre pointe la poursuite des interpellations et détentions arbitraires, l’accaparement des dossiers par certains chefs de juridictions, à l’origine de l’engorgement artificiel et des lenteurs judiciaires qualifiées d’inacceptables.
Le barreau constate également que les droits de la défense, consacrés par des lois et traités internationaux ratifiés par le Cameroun, «sont de manière récurrente violés, tant à la phase d’enquête préliminaire qu’à celles d’instruction et de jugement».
FCEB/te/APA