Deux hauts fonctionnaires du ministère de la Justice, Samba Ndiaye Seck et Moustapha Kâ, ainsi que leur collègue du ministère des Affaires étrangères, Sory Kaba, ont été limogés aux termes de deux décrets présidentiels rendus publics lundi et qui surviennent après les déclarations des concernés sur l’affaire Karim Wade et sur le débat autour d’un troisième mandat pour le locataire du Palais de la République.
Les deux premiers sont respectivement le directeur de cabinet du Secrétaire d’Etat aux droits humains et le directeur des droits humains, tandis que le troisième est le directeur général des Sénégalais de l’extérieur.
Pour Samba Ndiaye Seck et Moustapha Kâ, ils ont été démis de leurs fonctions « suite aux déclarations tenues (…) au Comité des droits de l’homme, lesquelles ne sont pas conformes à la position officielle de l’Etat du Sénégal » concernant l’affaire du fils de l’ex-chef d’Etat Abdoulaye Wade, indique le ministère de la Justice dans un communiqué.
Condamné par la CREI avant de bénéficier d’une grâce pour partir en exil au Qatar en 2016, l’ancien puissant ministre du régime libéral avait vu son dossier être plaidé au sortir de la présentation du cinquième rapport du Sénégal à la 127e session du Comité des droits de l’homme tenue à Genève, en Suisse.
Par la voix de ses deux représentants, dans une vidéo partagée en boucle la semaine dernière, le pays s’était engagé à se conformer aux recommandations de cet organe relativement à un réexamen du dossier judiciaire de Karim Wade.
Mais une cacophonie naîtra après que le ministère sénégalais des Affaires étrangères a démenti cette information, créant ainsi une grande polémique.
Ces derniers jours, Abdoulaye Wade et son successeur Macky Sall s’étaient beaucoup rapproché après sept ans de brouille. Ce faisant, beaucoup parlaient d’une possible amnistie de Karim Wade pour pouvoir recouvrer ses droits civiques et par conséquent retrouver le Sénégal où il est sous la menace d’une contrainte par corps s’il ne paie pas l’amende d’une centaine de milliards de FCFA prononcée par la CREI, une juridiction spéciale.
Concernant Sory Kaba, remplacé dans la foulée de son limogeage par Amadou François Gaye, expert financier et titulaire d’un MBA de l’Université des Sciences de Philadelphie, il doit sa mésaventure à ses propos tenus hier dimanche dans une émission de la radio privée RFM.
Répondant à une question sur un possible troisième mandat du chef de l’Etat en 2024, le non moins responsable politique à Fatick (centre), région natale du président, n’a pas esquivé comme beaucoup de ses camarades de parti. Il a souligné que Macky Sall entamait son dernier mandat à la tête de l’Etat comme l’avait déclaré d’ailleurs à APA, en mars dernier, au lendemain de la victoire de Macky Sall à la présidentielle, le nouveau porte-parole du gouvernement Seydou Guèye.
Mais sept mois après, le contexte semble ne plus être le même et beaucoup de responsables de l’APR, comme le directeur du quotidien national Le Soleil, Yakham Mbaye, se sont montrés critiques face aux déclarations de Sory Kaba, estimant qu’il n’a pas respecté la nouvelle ligne communicationnelle de la coalition présidentielle.
Par ailleurs, Macky Sall a jusque-là affirmé que ce deuxième mandat qu’il a obtenu le 24 février dernier était son dernier même si certains juristes restent sceptiques après les modifications apportées lors du référendum de 2016 où le mandat présidentiel était ramené de 7 à 5 ans.
ODL/te/APA