Trois chefs d’Etat africains et autant de ministres de la Santé ont signé, samedi à Lomé (Togo), une Déclaration politique qui les engage dans la lutte impulsée par la Fondation Brazzaville contre le trafic de médicaments.
« Ce jour est important à plus d’un titre. Il l’est car, pour la première fois, nous Africains, nous nous emparons du problème des faux médicaments et de leur trafic. Un fléau dont notre continent est la première victime. L’Afrique doit prendre en main son destin et s’engager dans la lutte contre ce trafic mortifère », a dit Faure Gnassingbé, le président de la République du Togo.
Ce dernier a paraphé la Déclaration politique en compagnie de ses homologues sénégalais Macky Sall et ougandais Yoweri Museveni, mais aussi des ministres de la Santé du Niger, du Congo et du Ghana.
L’objectif, pour les six Etats signataires, est de « renforcer et coordonner la lutte contre le trafic de médicaments, et autres produits médicaux de qualité inférieure et falsifiés ».
« Nous avons décidé de mettre en place les structures et les législations nécessaires pour endiguer ce trafic et en criminaliser les différentes formes. Notre initiative réveillera la conscience des nations et convaincra la communauté internationale de nous suivre », a souhaité M. Gnassingbé.
C’est avec le slogan « Les faux médicaments ne soignent pas. Ils tuent » que Macky Sall a amorcé son discours. Le président du Sénégal a soutenu que les produits médicaux illicites sont « des tueurs silencieux qui causent un sérieux problème de santé publique ».
D’après l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), la valeur estimée du marché illégal des médicaments falsifiés ou de qualité inférieure est de 200 milliards de dollars, soit 10 à 15 % du marché pharmaceutique mondial.
L’Afrique paie un lourd tribut puisque « ce taux s’éleverait jusqu’à 60 % dans certaines régions du continent ». La conséquence est que, chaque année, 122. 000 enfants de moins de cinq ans meurent sur ce continent.
De son côté, Omar Hilale, le Directeur du Conseil d’administration du Fonds international des Nations Unies pour le secours d’urgence à l’enfance (Unicef), a indiqué que ce trafic est considéré « comme l’une des trois activités illégales les plus dangereuses et les plus lucratives au monde, au même titre que le trafic de stupéfiants et celui des armes. Selon la Fondation internationale de l’industrie du médicament, 1 dollar investi dans les médicaments frauduleux (en) rapporte 500 ».
Pour Tedros Adhanom Ghebreyesus, le Directeur Général de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), la vulnérabilité de l’Afrique peut notamment s’expliquer par « la difficulté de l’accès aux médicaments à un moindre coût et l’absence de capacités techniques pour sécuriser les chaînes d’approvisionnement ».
Afin de juguler cette activité illégale, Jean-Yves Ollivier, le président de la Fondation Brazaville a annoncé le lancement, dès lundi prochain, d’un site Internet où seront recueillies des propositions de réponses. Concluant son propos, M. Ollivier a promis que la bataille contre les trafiquants de médicaments sera gagnée « avec le cœur ».
Les différentes parties prenantes ont prévu, dans les prochains mois, de signer un accord cadre et de dresser une feuille de route qui seront un rempart contre la propagation du phénomène. Plusieurs personnalités ont invité les autres Etats de l’Afrique à adhérer à l’initiative de Lomé pour plus d’efficience. Celle-ci vise à « punir les trafiquants en introduisant des sanctions pénales strictes et coordonnées et à protéger les communautés en les sensibilisant au fléau des faux médicaments ».
ID/te/APA