Le président de l’Ordre national des experts-comptables et des comptables agréés du Sénégal (ONECCA), Mor Dieng, a réaffirmé la volonté de son organisation d’assister l’État dans la régularisation de sa situation comptable, notamment en réponse aux écarts de gestion relevés par le rapport de la Cour des comptes et confirmés par le Fonds monétaire international.
Le Conseil de l’Association des Ordres des experts-comptables en Afrique de l’Ouest (ABWA) a tenu, ce jeudi à Dakar, sa 105ᵉ réunion. Cet événement, réunissant 16 organisations professionnelles de la région, a permis de mettre en lumière les défis comptables auxquels le Sénégal est confronté, notamment à la suite des écarts de gestion relevés par le rapport de la Cour des comptes et confirmés par le Fonds monétaire international.
« Le rapport met en évidence deux problèmes principaux : d’une part, un problème lié au système d’information, et d’autre part, un problème de comptabilité. Le premier a permis que certaines dettes soient engagées en dehors du circuit normal de la comptabilité du Trésor. Et le second relève des dysfonctionnements comptables qui ont conduit à des irrégularités, notamment des dettes et des recettes qui ne sont pas retracées », a déclaré, Mor Dieng, président de l’Ordre national des experts-comptables et des comptables agréés du Sénégal (ONECCA) et de l’ABWA.
Face à ce constat, M. Dieng a souligné la nécessité de conduire un audit exhaustif, potentiellement depuis 2012, pour lever tous les voiles sur la situation financière de l’État. Pour ce faire, les autorités peuvent faire appel à l’Onecca, estime son président.
« Nous sommes prêts à accompagner l’État pour régulariser certaines situations et éviter que dans les années à venir, on parle de dettes qui n’étaient pas retracées », a assuré le président de l’Onecca.
L’ambition de ce dernier repose sur un socle solide. Avec près de 300 cabinets et environ 3 000 collaborateurs hautement qualifiés, l’ordre représente un vivier de compétences unique. Leurs experts travaillent selon des normes internationales comparables à celles en vigueur en France, aux États-Unis ou en Belgique.
« Nous avons les effectifs nécessaires, nous avons les compétences nécessaires pour le faire. […] Nous sommes le seul ordre qui peut faire ça, il n’y en a pas d’autre », a martelé Mor Dieng.
Jean Koné, Directeur général des Impôts et Domaines, a apporté une caution institutionnelle à cette démarche. Pour lui, la transparence n’est pas un vain mot mais une philosophie gouvernementale adoptée par les nouvelles autorités.
« La raison d’être de l’Onecca, c’est justement d’être en amont du processus de fiabilisation de l’information financière. […] L’État a besoin de partenaires privilégiés comme l’Onecca pour garantir la vérité financière. Dans le cadre de cette philosophie d’ensemble, il est important qu’il soit à l’avant-garde pour garantir la transparence de l’information financière mise à la disposition du peuple sénégalais et des partenaires internationaux », a soutenu M. Koné.
A en croire M. Koné, l’État a un besoin évident de s’entourer de partenaires privilégiés, disposant à la fois de connaissances solides et d’une expérience avérée en matière de validation, de contrôle et de certification des comptes.
Bien que ce type de collaboration soit traditionnellement destiné aux entreprises, a-t-il souligné, il est clair que l’Onecca, à travers ses membres, jouera un rôle de plus en plus central dans les processus de validation des comptes, un rôle qui a d’ailleurs déjà commencé.
Au-delà des chiffres et des procédures, l’enjeu est profondément politique et économique. Comme le souligne Mor Dieng, une information financière fiable conditionne tout : l’élaboration de politiques économiques pertinentes, l’assiette fiscale, la crédibilité internationale. C’est toute la construction économique du Sénégal qui se joue dans cette capacité à produire des données transparentes et vérifiables.
« S’il n’y a pas une information financière fiable, nous ne pouvons pas avoir de données statistiques fiables au niveau national. Nous ne pouvons pas non plus élaborer des politiques économiques fiables. Et si ces informations ne sont pas fiables, l’administration fiscale ne pourra pas asseoir ses impôts sur des bases qui sont fiables. Donc, si l’information est fiable, c’est un élément fondamental pour le développement économique et social d’un pays. Et c’est ça notre rôle », a indiqué le président de l’Onecca.
L’Ordre national des experts-comptables et des comptables agréés du Sénégal ne se pose pas en censeur mais en accompagnateur. Sa démarche s’inscrit dans une logique de service public, avec la volonté de contribuer à l’édification d’un système financier plus robuste et plus lisible.
Cette initiative s’inscrit également dans un contexte sous-régional plus large. L’ABWA, qui représente plus de 120 000 comptables professionnels issus de 16 organisations, travaille à l’harmonisation des normes comptables, au renforcement des capacités professionnelles et à la promotion de l’éthique.
ARD/te/Sf/APA