Le Soudan a interdit les importations en provenance du Kenya en réponse à son soutien aux Forces de soutien rapide (RSF), aggravant ainsi la tension politique et commerciale entre les deux pays.
Le Kenya est l’un des principaux partenaires commerciaux du Soudan, mais depuis la semaine dernière, les importations en provenance de la plus grande économie d’Afrique de l’Est vers ce pays dévasté par la guerre ont été interdites.
D’un volume d’échanges estimé à 37 millions de dollars quelques années avant le conflit au Soudan, les importations de produits kenyans, tels que le thé, le café et d’autres produits industriels, ont connu une forte baisse, tombant à seulement 18 millions de dollars l’année dernière. En raison du conflit, la filiale de British American Tobacco (BAT) à Khartoum a été contrainte de fermer ses portes, entraînant des pertes de 2 milliards de shillings pour le Kenya. Après la décision de Khartoum d’interdire tout commerce direct avec le Kenya, ce chiffre pourrait encore baisser.
Le Soudan dispose de corridors commerciaux alternatifs pour les produits kenyans via l’Égypte et certaines régions du Moyen-Orient, ce qui pourrait garantir la disponibilité des denrées alimentaires. Cependant, les autorités de Khartoum sont visiblement furieuses du niveau d’implication du Kenya dans les Forces de soutien rapide (RSF), l’un des protagonistes du conflit civil en cours. La suspension des échanges commerciaux avec le Kenya est la façon dont les autorités soudanaises manifestent leur mécontentement face à l’accueil de représentants des RSF à Nairobi la semaine dernière. En conséquence, toutes les importations en provenance du Kenya, quel que soit leur point d’entrée, y compris par voie maritime, terrestre et aérienne, ont été interdites.
Depuis avril 2023, le groupe paramilitaire dirigé par le général Mohamed Hamdan Dagalo est engagé dans un conflit armé avec la junte militaire dirigée par Abdel Fattah al-Burhan. Les belligérants se trouvent dans une impasse, mais des milliers de personnes, principalement des civils, ont été tuées, et des millions d’autres ont été déplacées à l’intérieur et à l’extérieur du pays.
Le ministre du Commerce et des Finances, Omar Ahmed Mohamed Ali, a annoncé la semaine dernière un décret interdisant tous les produits kenyans à destination du pays. Cette décision s’explique par le fait que le Kenya « reçoit » les dirigeants des RSF à Nairobi, où une charte pour la formation d’un gouvernement parallèle au Soudan a été signée. Le Soudan considère cela comme un acte hostile de la part de son voisin. Le mois dernier, le Kenya a appelé d’autres factions soudanaises à se rallier aux RSF au sein d’une alliance en vue de former un gouvernement d’unité. Cette position n’a pas été bien accueillie par les autorités de Khartoum, qui estiment que cette suggestion de Nairobi a écarté la junte militaire de l’équation politique pour l’avenir du Soudan.
L’Union africaine et la communauté internationale ont mis en garde contre la perspective d’un gouvernement parallèle, craignant une scission du pays en deux. La situation en Libye, où deux régimes parallèles soutenus par des factions armées distinctes ont prolongé la crise politico-militaire du pays, est bien connue.
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