Le Mali est de nouveau secoué par un événement inquiétant. Alou Badra Sacko, récemment nommé président du mouvement « Touche pas à mon Argent » (Dôremê té bôh Alà), a été enlevé le 14 mars 2025 par des hommes armés et cagoulés à proximité du ministère de l’Éducation nationale à Bamako.
L’enlèvement du président du mouvement « Touche pas à mon Argent », qui n’a pas encore fait l’objet de revendication, suscite une vive inquiétude parmi la société civile et au-delà.
Alou Badra Sacko s’est fait connaître pour son opposition résolue à la hausse des taxes sur les télécommunications, une mesure entrée en vigueur début mars 2025. Cette nouvelle taxation avait pour effet d’alourdir le coût des recharges téléphoniques et des transactions via mobile money, aggravant ainsi une situation économique déjà précarisée par des coupures d’électricité et une inflation galopante. Sacko avait qualifié cette décision d’injuste et insoutenable pour une population déjà fragile.
Le 11 mars 2025, il a pris la tête du mouvement « Touche pas à mon Argent », une plateforme citoyenne dédiée à la lutte contre la hausse des prix et la dégradation des conditions de vie. Ce collectif a rapidement gagné en popularité, devenant pour certains un symbole de résistance face à des politiques économiques jugées oppressives.
Une disparition inexpliquée
D’après plusieurs témoignages, Sacko a été enlevé dans l’après-midi du 14 mars, alors qu’il se trouvait près du ministère de l’Éducation nationale à Bamako. Des témoins affirment que ses ravisseurs l’ont conduit dans un véhicule sans plaque d’immatriculation. Depuis cet enlèvement, aucune revendication n’a été émise, et les circonstances exactes restent floues.
Cet incident survient dans un contexte de plus en plus tendu où les voix dissidentes semblent être de plus en plus ciblées. Bien que des actes d’intimidation à l’encontre des militants et des opposants ne soient pas nouveaux au Mali, cet enlèvement marque un tournant inquiétant pour la société civile.
Un climat social et politique préoccupant
Le Mali traverse une période de turbulences économiques et sociales. La récente hausse des taxes sur les télécommunications a exacerbé un mécontentement déjà alimenté par une crise énergétique persistante et des conditions de vie difficiles. Les mouvements sociaux se multiplient, traduisant un ras-le-bol général face à une gestion gouvernementale jugée défaillante.
Dans ce contexte, la société civile malienne joue un rôle clé. Des figures comme Alou Badra Sacko représentent un espoir de changement pacifique, mais leur engagement les expose également à de graves risques.
Appels à une enquête urgente
L’enlèvement d’Alou Badra Sacko a déclenché une vague d’indignation tant au Mali qu’à l’international. De nombreux appels ont été lancés pour une enquête rapide afin de retrouver le militant sain et sauf. Les défenseurs des droits humains soulignent l’urgence de protéger les leaders de la société civile dans un pays où leur rôle est essentiel pour maintenir un équilibre démocratique.
À ce jour, le gouvernement malien n’a pas encore réagi officiellement à cet incident. Toutefois, la pression monte pour qu’il prenne des mesures concrètes afin d’assurer la sécurité des militants et restaurer la confiance des citoyens dans les institutions.
MD/te/Sf/APA