Les Nations Unies alertent à nouveau sur le niveau extrême de violences dans la guerre civile en cours au Soudan, redoutant désormais des atrocités à caractère ethnique, suite à la défection, le 20 octobre dernier, du paramilitaire Abu Aqla Keikel.
Au 18ème mois du conflit entre l’armée et les paramilitaires au Soudan, le Haut-Commissaire aux droits de l’homme de l’ONU, Volker Türk, s’est dit, mardi, « extrêmement préoccupé » par l’escalade des hostilités. La violence est particulièrement alarmante dans l’Etat d’Al-Jazirah, au centre du pays, où se dessine le risque d’« attaques contre les civils, des violences à motivation ethnique et des atrocités de masse ».
La crainte de Volker Türk est alimentée par la multiplication des appels à la mobilisation des civils dans cette zone et par des informations faisant état de discours de haine circulant sur les réseaux sociaux. Ce regain de tensions au centre du Soudan n’est pas étranger à la défection, le 20 octobre dernier, d’Abu Aqla Keikel, un commandant des paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR), qui a rejoint les Forces armées soudanaises (FAS), explique un communiqué de l’ONU reçu mercredi par APA.
Depuis lors, les attaques des FSR contre des villages d’Al-Jazirah se sont multipliées, « apparemment en représailles à sa défection, et visant des membres de son groupe ethnique ». En conséquence, le Haut-Commissaire appelle les dirigeants des deux parties à « prendre rapidement toutes les mesures nécessaires pour désamorcer la situation ».
D’après les services du Haut-Commissaire Türk, au moins 124 personnes auraient été tuées le vendredi 25 octobre, lors d’une attaque des forces terrestres des FSR contre le village d’Al-Seriha. « Des vidéos non confirmées montrent des dizaines de corps alignés pour être enterrés », a déclaré lors d’un point de presse régulier de l’ONU à Genève, Seif Magango, porte-parole du HCDH.
Cet incident fait suite à au moins deux autres attaques menées par les forces terrestres des FSR dans les villes voisines de Tamboul et de Rufaa en début de semaine. Les rapports indiquent que des centaines de personnes ont été tuées à Tamboul, dans un contexte de pillage généralisé.
Ils mentionnent également au moins 25 cas de violences sexuelles dans plusieurs villages de la localité de Sharq Al-Jazirah, dont trois membres du personnel médical et une fillette de 11 ans, qui en sont décédés. Des femmes et des jeunes filles auraient été enlevées.
Des récoltes ont également été incendiées. Alors que plus de 25 millions de Soudanais font face à une insécurité alimentaire aiguë en raison du conflit, la destruction des cultures dans une région considérée comme le grenier à blé du pays ne peut qu’aggraver une situation déjà catastrophique.
ODL/Sf/ac/APA