La Côte d’Ivoire est «championne d’Afrique en matière de lutte contre les discriminations à l’égard des filles et des femmes ». Avec des « progrès » notables en matière de genre, selon le rapport 2023 de l’Indice des institutions sociales et égalité des genres (SIGI), référence mondiale qui étudie les lois formelles et informelles, et les pratiques sociales qui limitent les droits des femmes et des filles.
Le classement SIGI 2023, institué par l’OCDE depuis 2009, a été présenté ce vendredi 13 septembre 2024, à Abidjan, en présence du Premier ministre, ministre des Sports et du cadre de vie, Robert Mambé, des membres du gouvernement, des partenaires au développement et plusieurs femmes.
Cet indice composite permet de mettre en évidence les efforts des pays dans quatre dimensions, notamment les discriminations au sein de la famille, les atteintes à l’intégrité physique, l’accès restreint aux ressources productives et financières, et les atteintes aux libertés civiles.
Ces dernières années, avec une volonté politique affirmée, le gouvernement ivoirien a fait de l’égalité du genre « une priorité absolue ». A l’horizon 2030, le pays ambitionne d’atteindre le point 5 des ODD, à savoir parvenir à l’égalité des sexes et autonomiser les femmes et les filles.
« Je me félicite de notre score à cette évaluation qui traduit les impacts positifs de nos efforts sur les conditions des filles et des femmes. Avec un score remarquable et remarqué de 17.3, nous sommes devant le Rwanda qui a 19 et l’Afrique du Sud qui a 23 », a-t-il déclaré.
La Côte d’Ivoire, dira-t-il, est « championne d’Afrique en matière de lutte contre les discriminations à l’égard des filles et des femmes. En outre, nous faisons notre entrée dans le gotha des 55 pays les mieux classés sur l’échiquier mondial », a-t-il ajouté.
Vers l’égalité des genres
« Le score SIGI est établi à 29 points au niveau mondial, tandis que la moyenne de l’OCDE atteint le score de 15 et celle de l’Afrique à 40 », a fait observer le Premier ministre ivoirien, Robert Mambé, pour qui « cela veut dire que la Côte d’Ivoire a vraiment brillé ».
« Les résultats de ce rapport vont nous aider à identifier, à planifier, à corriger les gaps existants et surtout permettre de voir les inégalités enregistrées au niveau des régions de la Côte d’Ivoire, dressant ainsi une cartographie précise des défis qui sont les nôtres », a-t-il assuré.
Mme Agnheidur Arnadottir, directrice du Centre de développement de l’organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), a affirmé que pour cette 5e édition du rapport SIGI, « la Côte d’Ivoire est l’un de ces pays qui a fait le plus de progrès ».
Elle a relevé que les objectifs du rapport SIGI ont permis à la Côte d’Ivoire d’élaborer des stratégies, des réformes et des politiques publiques en matière d’égalité entre les femmes et les hommes, assurant que l’OCDE « va poursuivre cette aventure à vos côtés ».
La ministre ivoirienne de la Femme, de la Famille et de l’Enfant, Nasseneba Touré, s’est dit « satisfaite » de ce résultat qui positionne la Côte d’Ivoire comme « championne d’Afrique dans la lutte pour l’égalité des chances entre les hommes et les femmes ».
Pour Nasseneba Touré, « la réussite de cette transformation sociale repose sur l’engagement actif des hommes aussi. Il s’agit de redéfinir la masculinité pour encourager des comportements respectueux et équitables à l’endroit des femmes ».
Avec le soutien des Nations Unies, le ministère de la Femme, de la famille et de l’enfant a lancé en décembre 2023 la campagne Carton rouge contre les discriminations envers les femmes et les filles. Cette initiative a réuni sept pays africains et de nombres personnalités.
Masculinité positive
La ministre de la Femme a annoncé que, dans le cadre du Réseau des femmes leaders africaines, en collaboration avec l’Union africaine (UA), se tiendra prochainement à Abidjan une réunion pour « réaffirmer l’engagement de la Côte d’Ivoire en faveur de la masculinité positive ».
Mme Euphrasie Kouassi Yao, conseillère spéciale du Premier ministre, chargée du Genre, et présidente du Groupe technique consultatif pour la Côte d’Ivoire, a fait savoir que les données ont été collectées avec l’appui de l’Agence nationale de la statistique.
Cette performance a été réalisée, entre autres, grâce à « l’Observatoire national de l’égalité du genre, au Programme national de lutte contre les violences basées sur le genre (VBG), aux réformes juridiques et politiques en matière d’égalité des chances entre les hommes et les femmes », a-t-elle relevé.
La cheffe de Division Réseaux, partenariats et genre du Centre de développement de l’OCDE, Mme Bathylle Missika, a dans un exposé soutenu que « les réformes juridiques sont à l’origine des progrès constatés en Côte d’Ivoire ».
Ces réformes concernent des dispositifs législatifs contre le mariage précoce, l’accès des femmes au foncier rural, la représentation politique avec la loi qui impose 30% de femmes comme quota pour les postes électifs et une tolérance zéro sur les violences domestiques.
L’OCDE note qu’il reste comme défis, à la Côte d’Ivoire, « les atteintes à l’intégrité physique, une étape à franchir, notamment sur les violences faites aux femmes ; ainsi que les mutilations génitales féminines, l’autonomie reproductive et l’application des lois ».
Le rapport SIGI 2023 ressort qu’ « il y a encore 27% de jeunes femmes qui ont été mariées avant 18 ans, un chiffre qui est en baisse, mais qui demeure préoccupant », selon l’OCDE. Les mutilations génitales féminines, elles, sont estimées à 21% et les violences domestiques à 15%.
AP/Sf/APA