L’augmentation des prix des hydrocarbures est l’une des mesures devant permettre au gouvernement de venir en aide aux populations en phase de crise et d’urgence.
L’on en sait un peu plus sur les raisons qui ont conduit le gouvernement tchadien à augmenter les prix des produits pétroliers, notamment l’essence, le gasoil et le Jet A1. 48heures après la publication de cette mesure, la Primature a donné plus de détails dans une note d’information.
Comme première raison, les défis sécuritaires et humanitaires, provoqués par la guerre au Soudan et l’instabilité en Libye. La guerre au Soudan entre l’armée régulière et les Forces de soutien rapide, un groupe paramilitaire a fait fuir plus d’un millions de Soudanais qui ont trouvé refuge à l’est du Tchad.
« Cette urgence humanitaire exerce une forte pression démographique sur les populations locales et augmente les besoins de consommation, de rotations humanitaires plus conséquentes le long d’une frontière encore plus importante », peut-on lire dans la note.
Les capacités de production de la raffinerie de Djermaya, implantée à une vingtaine de kilomètres de N’Djamena, sont évoquées comme une deuxième raison. Fonctionnelle depuis 2011 avec une capacité de 20 000b/jour, les autorités estiment que ses capacités actuelles ne couvrent plus à court terme les besoins de consommation de la population en carburant. Le gap est alors comblé par des importations issues des pays voisins qui vendent le carburant à un prix élevé comparativement à celui du Tchad.
Enfin, le gouvernement justifie la hausse des prix du carburant par le besoin d’harmonisation des coûts avec les pays membres de la CEMAC en vue de dissuader les réseaux de contrebande tout au long des frontières.
Vague de critiques
Au lendemain de la publication de l’arrêté portant hausse des prix du carburant, les organisations de la société civile se relaient pour dénoncer cette mesure. « Indifférence, cynisme, coup de massue, mort subite… » sont autant des termes utilisés pour critiquer cette augmentation brutale intervenue dans une période de crise sociale.
Pour l’Alliance tchadienne universelle pour la Défense des droits de l’homme, « cette augmentation soudaine et par ricochet des prix des produits de première nécessité aura un impact encore plus dévastateur sur les couches les plus vulnérables. » Elle fustige l’indifférence du président de transition et du chef du gouvernement face aux cris de la population.
La Ligue tchadienne des droits de l’homme parle d’une décision cynique pour un pays producteur du pétrole.
Dans un live Facebook, le journaliste Mousseye Avenir de la Tchiré, directeur de publication d’Abba Garde a interpellé les syndicats à « arrêter la République avec des actions citoyennes ». Une coalition dénommée « Nous le peuple » est en train d’être constituée pour le besoin.
Dans la note d’information, la Primature a indiqué que « le gouvernement est conscient des répercussions de l’augmentation du prix du carburant sur la population. » De ce fait, des mesures d’accompagnement sont pris afin d’atténuer les effets de cette augmentation sur les populations vulnérables.
La première mesure est la déclaration de « l’Etat d’urgence alimentaire et nutritionnelle sur l’ensemble du territoire national. » Pendant cette période, une assistance humanitaire et d’urgence sera faite aux populations en phase de crise et en phase d’urgence. Pour exécuter ce plan, le gouvernement se servira des ressources additionnelles qui proviendront de l’augmentation des prix du carburant pour les besoins sociaux conformément aux dispositions de l’Etat d’urgence alimentaire et nutritionnelle ainsi qu’à résoudre le problème d’accès à l’électricité et à l’eau.
La deuxième mesure est le renforcement du dispositif de contrôle des prix du carburant sur toute l’étendue du territoire et la maîtrise et le contrôle effectif des coûts et des conditions de transport urbain et interurbain.
La troisième est le suivi du mécanisme de contrôle des prix des denrées alimentaires pour lutter contre
La quatrième est le renforcement intense du contrôle au niveau des frontières pour réduire les réseaux de contrebande. Et enfin, une augmentation substantielle des importations pour compléter le carburant disponible afin d’éviter la pénurie.
Le 13 février courant, le gouvernement a revu en hausse les prix des produits pétroliers vendus au Tchad. De cette mesure, le super est passé de 518 à 730FCFA ; le gasoil de 700 à 820 FCFA et le Jet A1 de 550 à 580F CFA.
Ces augmentations passent mal pour les organisations de la société civile qui appellent la population à s’organiser à différents niveaux pour refuser cette « forfaiture ».
CA/te/APA