Au Soudan, près de la moitié de la population ( soit 24,6 millions de personnes) est confrontée à des niveaux d’insécurité alimentaire aiguë, d’après l’agence des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture.
Près de deux ans après le début de la guerre civile, le Soudan est confronté à une famine qui menace la survie de millions de personnes. Ce pays d’Afrique de l’Est est actuellement le seul au monde à faire face à une telle crise, qui frappe particulièrement l’Etat du Darfour du Nord, ont indiqué lundi des responsables onusiens lors d’une réunion du Conseil de sécurité.
S’appuyant sur les projections du Cadre intégré de classification de la sécurité alimentaire (IPC), les agences des Nations Unies indiquent que les conditions de famine se sont aggravées dans cinq zones du sud et de l’ouest du Soudan, notamment dans les camps de déplacés de Zamzam, Salam et Abou Chouk, ainsi que dans la région des monts Nouba. Par ailleurs, cinq nouvelles localités situées dans l’Etat du Darfour du Nord risquent également d’être touchées, selon le dernier rapport de l’IPC, qui anticipe une famine dans 17 autres zones du pays.
Au total, près de la moitié de la population soudanaise, soit 24,6 millions de personnes, est confrontée à des niveaux d’insécurité alimentaire aiguë, a souligné Beth Bechdol, directrice générale adjointe de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO). Parmi elles, 15,9 millions de personnes sont en situation critique (phase 3 de l’IPC), 8,1 millions dans un état d’urgence (phase 4) et 637.000 dans une situation catastrophique (phase 5).
« Les rapports récents sur la sécurité alimentaire sont les pires de l’histoire du pays », a averti Mme Bechdol, rappelant que seuls trois pays – la Somalie en 2011, le Soudan du Sud en 2017 et 2020, et le Soudan depuis l’année dernière – ont connu des situations de famine au cours des quinze dernières années.
« Ces résultats sont choquants, mais malheureusement pas surprenants », a déclaré Edem Wosornu, directrice de la Division des opérations et de la communication de la branche humanitaire des Nations Unies (OCHA).
Selon elle, les principaux facteurs de cette famine sont liés au conflit en cours depuis avril 2023 et aux déplacements massifs qu’il a engendrés. Plus de 11,5 millions de Soudanais ont été déplacés à l’intérieur du pays, dont près de 8,8 millions depuis le début du conflit, tandis que 3,2 millions se sont réfugiés dans les pays voisins.
La persistance du conflit et les déplacements massifs ont entraîné l’abandon et la destruction des terres et infrastructures agricoles, perturbant considérablement la production alimentaire locale dans un pays où près des deux tiers de la population dépendent de l’agriculture.
« Il s’agit d’une crise provoquée par l’être humain », a insisté Mme Wosornu, qui s’exprimait au nom de Tom Fletcher, secrétaire général adjoint de l’ONU aux affaires humanitaires et coordonnateur des secours d’urgence.
Face à la détérioration des conditions humanitaires sur le terrain, Mme Bechdol et Mme Wosornu ont appelé à une cessation immédiate des hostilités et exhorté la communauté internationale à faire pression sur les parties belligérantes pour qu’elles respectent le droit international humanitaire.
Plaidant pour un accès humanitaire « sans entraves », les deux responsables ont également appelé à une augmentation de l’aide internationale. Les besoins humanitaires pour le Soudan en 2025 atteignent un montant record de 4,2 milliards de dollars, nécessaires pour venir en aide à près de 21 millions de personnes.
ODL/te/Sf/APA