Alors que les combats s’intensifient au Nord-Darfour, l’organisation humanitaire Médecins sans frontières (MSF) a annoncé la suspension de ses activités dans le camp de Zamzam, où près de 500 000 déplacés vivent dans des conditions déjà dramatiques.
Depuis plusieurs semaines, les Forces de soutien rapide (FSR) mènent une offensive accrue dans cette région du Soudan. Le camp de Zamzam, situé à proximité d’El Fasher, a été attaqué les 11 et 12 février, aggravant une situation humanitaire déjà catastrophique, alerte un communiqué de MSF qui a fermé son hôpital de campagne.
« L’escalade actuelle des attaques et des combats dans et autour du camp de Zamzam rend impossible pour MSF de continuer à fournir une assistance médicale dans des conditions aussi dangereuses », explique l’organisation. Cette décision implique la fermeture de l’hôpital de campagne MSF, vital pour une population déjà en situation de famine.
Les conséquences de ces violences sont dramatiques. « Onze patients sont morts à l’hôpital MSF, dont cinq enfants, parce que nous ne pouvions pas les soigner correctement ni les transférer vers l’hôpital saoudien, le seul établissement doté de capacités chirurgicales à proximité d’El Fasher », déclare Yahya Kalilah, chef de mission MSF au Soudan.
La gravité de la situation est exacerbée par l’impossibilité d’accéder aux soins. « En janvier et en décembre, deux de nos ambulances transportant des patients du camp vers El Fasher ont été la cible de tirs. Aujourd’hui, la situation est encore plus dangereuse et de nombreuses personnes, dont des patients nécessitant une chirurgie traumatologique ou une césarienne d’urgence, sont bloquées à Zamzam », poursuit M. Kalilah.
Par ailleurs, l’accès à l’eau et à la nourriture devient de plus en plus précaire. Le marché central a été pillé et incendié, privant les habitants de ressources essentielles, rapporte MSF.
Un appel à l’action
MSF dénonce l’inaction humanitaire et appelle à une intervention immédiate. « Arrêter notre projet alors que la catastrophe s’aggrave à Zamzam est une décision déchirante. Pendant plus de deux ans, nos équipes ont fait de leur mieux pour fournir des soins contre toute attente, malgré le siège, les pénuries de fournitures et de nombreux autres défis », affirme Kalilah.
« Cependant, alors que la bataille d’El Fasher fait rage et atteint désormais directement le camp de Zamzam, les conditions de sécurité les plus minimales ne sont actuellement pas réunies pour que nous puissions rester », déplore le médecin.
Le chef de mission de MSF souligne les difficultés logistiques majeures auxquelles l’organisation est confrontée. La proximité des violences, les grandes difficultés à envoyer du matériel, l’impossibilité d’envoyer du personnel expérimenté pour apporter un soutien adéquat et l’incertitude quant aux voies de sortie du camp pour nos collègues et les civils nous laissent peu de choix, fait-il savoir.
MSF exhorte toutes les parties au conflit à respecter les populations civiles et à permettre aux personnes qui souhaitent fuir de le faire en toute sécurité. L’organisation rappelle également la nécessité d’intensifier l’aide humanitaire dans les zones où cela reste possible.
Les parties belligérantes doivent garantir un accès sans entrave à l’aide, et leurs alliés et les États influents doivent utiliser leur influence pour lever les obstacles qui causent des morts et des famines, plaide MSF.
En attendant une éventuelle reprise de ses activités à Zamzam, MSF dit poursuivre ses opérations d’urgence à Tawila et dans d’autres régions du Darfour, où la crise humanitaire ne cesse de s’aggraver.
ARD/te/Sf/APA