La prise de Bukavu par les rebelles du M23 et les pillages généralisés font craindre le pire à la communauté internationale, l’ONU appelant à une réaction.
La situation humanitaire continue de se dégrader dans l’Est de la République démocratique du Congo (RDC), où l’avancée des rebelles du M23 pousse de plus en plus de civils à fuir les zones de combat. Le coordinateur humanitaire des Nations Unies pour la RDC, Bruno Lemarquis, a lancé mercredi un appel urgent à la reprise des négociations.
« L’expansion rapide et ininterrompue du conflit, notamment dans la province du Sud-Kivu, continue de faire payer un lourd tribut à la population civile. La population ne peut plus continuer à payer un prix aussi lourd pour un conflit qui continue de s’étendre et menace désormais la stabilité de toute la région », a déclaré M. Lemarquis.
Cette mise en garde intervient alors que les rebelles du M23, soutenus par le Rwanda selon l’ONU, ont pris le contrôle dimanche de Bukavu, deuxième grande ville de l’Est congolais à tomber en quelques semaines. La situation sécuritaire y reste tendue, avec des pillages signalés dans plusieurs quartiers, notamment dans un entrepôt du Programme alimentaire mondial qui contenait 7 000 tonnes de fournitures.
Pour les équipes humanitaires sur place, les priorités urgentes incluent la réouverture des aéroports de Goma et Kavumu pour les vols humanitaires, tous deux étant désormais sous contrôle du M23. Le coordinateur de l’ONU s’inquiète également du sort des personnes déplacées, notamment à Goma où le M23 leur a donné un ultimatum de 72 heures pour retourner dans leurs villages.
« Tout retour ne peut se faire que sur une base volontaire, dans des conditions sûres, dignes et durables, conformément aux principes internationaux », a-t-il souligné.
L’ampleur de la crise est considérable. Selon le HCR, sept millions de personnes sont déplacées à l’intérieur du pays, et plus d’un million ont demandé l’asile dans les pays voisins. La nouvelle offensive du M23 a déjà provoqué le déplacement de centaines de milliers de personnes, dont 10 à 15 000 vers le Burundi ces derniers jours.
Face à cette situation, le Conseil de sécurité de l’ONU doit se réunir ce mercredi pour débattre de la réponse internationale à apporter. Le HCR « appelle de toute urgence à un soutien accru pour aider les réfugiés et prévenir de nouvelles souffrances », et demande « la fin immédiate des hostilités dans l’est de la RDC pour empêcher davantage de déplacements et de dommages aux civils. »
ARD/te/Sf/APA