L’Association « Le Voile, ma Pudeur » a organisé, ce samedi 1ᵉʳ février 2025, à Abidjan, la 7ᵉ édition du Forum annuel de la Femme Musulmane autour du thème « La dépression : un tueur silencieux ».
Cette initiative, portée par l’Association « Le Voile, ma Pudeur », vise notamment à favoriser une prise de conscience collective des femmes sur la dépression et à explorer des solutions pour améliorer leur bien-être mental.
Mahouema Diomandé, la présidente du comité d’organisation de cet évènement, a indiqué que ce forum se veut un cadre d’échange et de réflexion, réunissant les femmes musulmanes, des experts, des leaders communautaires et des acteurs de la société civile pour aborder les défis spécifiques aux femmes.
Elle a fait savoir que l’édition 2025 a mis en avant la problématique de la dépression du fait que la Côte d’Ivoire enregistre le troisième taux de suicide le plus élevé en Afrique avec 101 cas recensés en 2023, dont une majorité liée à des troubles mentaux.
Ces chiffres, dira-telle, montrent l’urgence d’une prise de conscience collective, d’une socialisation accrue autour de la santé mentale, et témoignent de l’impératif de « briser le silence et de soutenir activement ceux et celles qui en souffrent ».
Selon Dr Fadiga Massiamy, des études font état de ce que quatre personnes sur cinq qui viennent en consultation dans les centres hospitaliers sont des femmes. Ce qui justifie cette sensibilisation à l’égard des femmes.
Elle a souligné que la dépression est graduelle et l’état dépressif se reconnaît par un « fléchissement moral avec des signes physiques apparents », notamment l’insomnie, le manque d’appétit, de volonté, d’affection, ainsi qu’une baisse de la concentration.
Dr Sacko Mariame a soutenu, pour sa part, que la dépression particulièrement chez la jeune fille musulmane voilée « peut être provoquée par les préjugés, la discrimination, la pression pour réussir à l’école et la pression du mariage ».
Pour les femmes et les mères, les facteurs de risque incluent, entre autres, l’attente de la réussite d’un enfant, le jugement de la société, la charge mentale liée au cumul du rôle de mère et d’épouse, les relations familiales et les responsabilités professionnelles.
Au plan spirituel, Dr Sacko a mentionné « l’incapacité à atteindre ses objectifs spirituels ». Face à ce « tueur silencieux », elle a recommandé de recourir à des professionnels de la santé afin de bénéficier d’une prise en charge globale, incluant l’aspect physique, émotionnel et mental.
Dr Sacko a recommandé d’intégrer à son quotidien la marche, qui permet de « réguler les émotions », d’adopter une alimentation équilibrée, de prendre du temps pour se relaxer et méditer, mais aussi de créer des espaces où les personnes atteintes de dépression peuvent se libérer.
Sous l’angle islamique, l’imam Mame Moda Késsé a affirmé que les femmes sont souvent sujettes à la dépression « en raison de l’attitude des hommes ». À ce titre, il a invité ces derniers à traiter les femmes avec « honneur et courtoisie » et surtout vivre avec elles dans la convivialité.
De son côté, Dr Koua Médard a renseigné l’auditoire sur le déploiement progressif de psychiatres et de psychologues dans les grandes villes, et la mise en place d’un dispositif d’assistance psychologique gratuite en ligne, ainsi que la création d’un pôle dédié à la santé mentale des travailleurs.
La cérémonie a enregistré la participation de délégations venues de Guinée et du Burkina Faso, ainsi que celle du représentant du Conseil supérieur des imams de Côte d’Ivoire (COSIM), l’imam Sylla Mamadou, qui a salué cette initiative et assuré de leur disponibilité à l’accompagner.
AP/APA