Bai Lowe a rejeté les accusations portées à son encontre.
Un tribunal allemand a condamné à la prison à vie un ancien membre d’un escadron de la mort accusé de meurtres multiples et d’autres violations en Gambie sous Yahya Jammeh.
Bai Lowe était chauffeur pour l’escadron de la mort connu sous le nom de Junglers, qui aurait commis des assassinats sur ordre de l’ancien président de la Gambie, qui a dirigé la plus petite nation d’Afrique continentale pendant 22 ans après avoir pris le pouvoir lors d’un coup d’État sans effusion de sang en juillet 1994.
Lowe, un ancien soldat, a été inculpé de crimes contre l’humanité, de meurtres, notamment celui de la journaliste Deyda Hydara en décembre 2004, et de tentatives de meurtre.
Il a été jugé par un tribunal local de la ville de Celle, dans le nord de l’Allemagne, pour avoir facilité l’assassinat de M. Hydara en ralentissant la voiture de la victime avant que le journaliste ne soit mortellement abattu par les membres du commando.
L’accusé avait nié tous les chefs d’accusation pour lesquels il a été reconnu coupable.
Réagissant à cette sentence historique de jeudi, Lowe a secoué la tête d’un air triste lorsque le juge lui a lu la sentence.
Jammeh, qui réside aujourd’hui en exil en Guinée équatoriale après avoir perdu la présidentielle de 2016 face à l’actuel président Adama Barrow, avait créé un groupe paramilitaire personnel qui, selon les procureurs allemands, était utilisé pour des exécutions extrajudiciaires d’opposants politiques et de journalistes.
Le fils de M. Hydara, Baba, qui était présent au tribunal, a réagi à la sentence en déclarant qu’il s’agissait d’un « petit début » dans la traque et la poursuite des violations commises par M. Jammeh pendant plus de deux décennies, qui n’ont pris fin que lorsqu’il a perdu le scrutin présidentiel de 2016.
Bien que les violations aient pu se produire dans la juridiction de la Gambie, l’affaire Lowe a été vidée en Allemagne, les procureurs ayant décidé d’appliquer la compétence universelle qui permet à un autre pays de juger des crimes qui peuvent avoir été commis ailleurs.
Au cours de l’audience, Lowe, 47 ans, a donné des détails graphiques sur la manière dont les Junglers procédaient aux meurtres, mais il a affirmé qu’il se fiait à sa mémoire floue pour se souvenir d’incidents clés dont il aurait pu être témoin, mais qu’il n’avait jamais participé à leur exécution.
Une interview que Lowe avait accordée en 2013 au journal en ligne Freedom Newspaper, basé aux États-Unis et géré par des Gambiens, avait aidé le tribunal à rassembler des preuves contre l’accusé.
Des photos de lui en uniforme militaire gambien ont également permis de l’identifier
Le juge Ralf Guenther a déclaré que le gouvernement gambien n’avait pas fourni d’assistance juridique dans la poursuite de M. Lowe, malgré une demande de la cour à cet effet.
Cependant, l’administration Barrow affirme qu’elle travaille en étroite collaboration avec la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest pour mettre en place un tribunal hybride qui faciliterait la poursuite des crimes commis sous l’ère Jammeh.
Les victimes présumées des violations commises sous M. Jammeh ont critiqué l’apparente lenteur du gouvernement à donner suite à leurs témoignages devant la commission de vérité en prenant des mesures tangibles pour engager des poursuites.
D’autres dignitaires du régime de Jammeh dans le collimateur
L’ancien ministre de l’Intérieur de Jammeh, Ousman Sonko, qui est détenu dans ce pays européen, fait face à des accusations similaires en Suisse.
Depuis 2017, les autorités suisses ont placé Sonko sous enquête pour son rôle dans les crimes contre l’humanité de l’ère Jammeh.
Michael Sang Correa a également été inculpé aux États-Unis il y a trois ans en tant que membre présumé des Junglers même s’il a nié tout rôle dans cet escadron de la mort.
Quant a l’ancien président gambien, des voix s’élèvent de plus en plus pour des poursuites judiciaires à son encontre.
WN/as/lb/ac/APA