Selon une étude présentée ce lundi à Dakar, les acteurs du secteur agricole sénégalais sont confrontés à plusieurs contraintes d’accès au financement, à hauteur de 364 milliards annuellement.
Au Sénégal, malgré son apport à la création d’emplois et à la réduction de la pauvreté, l’accès au financement du secteur agricole reste limité. Il fait face à des contraintes qui ont, entre autres, pour noms la persistance des risques liés à la production et à la commercialisation, l’approvisionnement en matières premières, l’appétit des acteurs financiers et la capacité de remboursement des acteurs.
Au niveau des institutions financières, le manque de personnel spécialisé, de procédures adaptées et de l’expertise nécessaire limite leurs capacités à financer de manière adéquate le secteur.
Partant de cet état de fait, une étude de la Société financière internationale (IFC) et de l’Agence de Promotion des Investissements et des Grands Travaux (APIX SA) du Sénégal montre un gap important entre les financements disponibles et les besoins des producteurs.
« (…) le gap de financement annuel du crédit de campagne au Sénégal est estimé à 364 milliards de FCFA (618 millions USD) – non inclusif des besoins d’investissement pour la production agricole et des besoins de financement pour la commercialisation. L’offre de financement nécessaire aux transformateurs agro-alimentaires formels s’élève à 184 milliards de FCFA. Ce montant n’inclut pas les besoins des transformateurs informels qui constituent la majorité du tissu agro-alimentaire », souligne l’étude, présentée ce lundi à Dakar.
Le document indique que le déblocage du financement du secteur agricole de façon durable nécessite une approche intégrée et concertée afin de résoudre les besoins non-financiers et financiers des différents acteurs.
L’accès à des ressources longues à un coût concurrentiel reste une problématique pour les institutions financières, l’offre étant considérée comme coûteuse et difficile à sécuriser selon les acteurs interviewés durant l’étude diagnostique.
Au niveau des producteurs, une culture financière limitée combinée à une aversion au risque, un régime foncier informel, un faible taux d’adhésion à des organisations de producteurs, et une faible adoption des nouvelles technologies restreignent l’accès des agriculteurs au financement.
Pour les PME agricoles, les principales contraintes incluent la frilosité des banques à leur prêter de l’argent, le manque de formalisation et de données sur leurs activités, le manque d’organisation des acteurs, le manque de garanties, des compétences et une éducation financière inadéquates.
Toutes choses qui font dire à Karim Séga Bathily, Dg de l’APIX qu’il « est primordial d’améliorer la compétitivité de nos PME agricoles, un enjeu capital pour la souveraineté économique du Sénégal. »
« L’accès au financement, a dit M. Bathily, demeure un défi majeur. C’est pourquoi le gouvernement travaille à la mise en place de nouvelles stratégies afin de mieux appréhender et résoudre cette problématique. La nouvelle stratégie de croissance, notamment, vise à créer proactivement des opportunités d’investissement dans des secteurs clés, tels que l’agriculture, ce qui exige une compréhension plus fine des dynamiques du marché. »
Karim Séga Bathily a félicité l’IFC pour avoir préparé un projet de diagnostic et de cadrage destiné à approfondir la compréhension du marché agricole sénégalais.
TE/ard/Sf/APA