Un atelier régional regroupant les représentants des huit projets de recherche-action se déroulant au Sahel et portant sur la « Dissémination des innovations en zone sahélienne (Dissem-Inn) » s’est ouvert mardi à Saly, a constaté APA.
Le projet « Dissémination des innovations en zone sahélienne (Dissem-Inn) » porte sur un ensemble de huit projets lancés dans le cadre de l’initiative européenne : Innovation intelligente en matière de développement grâce à la recherche dans l’agriculture (DeSIRA, sigle anglais) et se déroulant au Sahel.
Ils concourent à développer des systèmes agroalimentaires durables et résilients au changement climatique en misant sur l’innovation, chacun dans un domaine spécifique (amélioration variétale, agroécologie, bioénergies, irrigation, élevage).
Cette démarche d’innovation, propre à l’ensemble des projets DeSIRA, est baptisée « DeSI » (Développement des Smart Innovations). Elle réunit des principes partagés visant à avoir un impact sur les conditions de vie des populations, à savoir : une approche multi-acteurs, impliquant une diversité de disciplines et de types d’acteurs ; une co-construction, plaçant le producteur au cœur du processus d’innovation dès la conception ; et une approche pluridimensionnelle, déployant des innovations non seulement sur le plan technique, mais aussi organisationnel et socio-culturel.
Pour les aider à atteindre cet objectif, Dissem-Inn les encourage à capitaliser sur leurs pratiques et à réfléchir collectivement au changement d’échelle de leur démarche d’innovation et de leurs résultats lors d’un atelier régional débuté mardi à Saly, à environ 90 kilomètres à l’Est de Dakar.
« A travers cette rencontre, nous visons deux résultats principaux : d’une part, faciliter le partage d’expériences et de stratégies entre les projets pour favoriser leur expansion, et d’autre part, encourager la réflexion sur la manière d’atteindre des zones géographiques plus étendues et un public plus diversifié », a expliqué Chloé Lesenfans, consultante sur le projet pour le Centre international de recherche en coopération pour l’agriculture (Cirad).
En tout, seize innovations ont été développées dans les différents pays d’intervention du programme (Bénin, Burkina Faso, Mali, Mauritanie, Niger, Sénégal, Tchad). Celles-ci abordent cinq grandes thématiques : l’amélioration variétale, l’agroécologie, les bioénergies, l’élevage et l’irrigation.
Elles présentent toutes trois dimensions : technique, organisationnelle et socio-culturelle. La première concerne les aspects matériels tels que les équipements et les semences. La deuxième vise à structurer les projets et à fédérer les acteurs, tandis que la troisième cherche à modifier les mentalités et les comportements des bénéficiaires.
« Notre travail consiste à mettre en lumière ces dimensions afin de garantir l’impact et la pérennité des projets. Nous cherchons à comprendre comment ces dimensions contribuent à assurer la continuité des résultats obtenus une fois que les projets seront terminés », a indiqué Mme Lesenfans.
Parallèlement, a-t-elle poursuivi, cet atelier de trois jours devrait permettre aux projets à co-construire des connaissances transversales sur la pérennisation des résultats et le changement d’échelle, afin de les diffuser lors d’un atelier de synthèse prévu en septembre. L’objectif, a-t-elle dit, est d’inciter les acteurs à intégrer dès le début du processus la réflexion sur le changement d’échelle pour toucher un public plus large et assurer une efficacité accrue de leurs initiatives.
Insistant sur ce point, Robin Bourgeois, coordonnateur du projet Dissem-Inn, a souligné l’importance cruciale de s’interroger sur la pérennisation des projets pour assurer leur mise à l’échelle. Il a fait remarquer que la durabilité des interventions au-delà de la fin du projet est essentielle pour garantir leur efficacité. Selon lui, cela implique le développement de stratégies visant à maintenir les résultats obtenus et les activités mises en place, même une fois le financement initial épuisé. Il a ajouté que la pérennisation doit permettre aux bénéficiaires et aux acteurs locaux de continuer à bénéficier des initiatives lancées, assurant ainsi un impact durable sur les communautés.
Poursuivant, il a rappelé que la question du changement d’échelle est également fondamentale. « Il s’agit de déterminer comment étendre l’impact des projets à une population plus large et sur des territoires étendus. Bien que les projets pilotes puissent être limités dans leurs moyens, ils fournissent des indications précieuses sur les possibilités de diffusion des innovations. Identifier les germes de changement d’échelle et capitaliser sur les expériences des projets pilotes sont des démarches clés pour maximiser leur portée et leur impact », a-t-il affirmé.
Grâce à cette collaboration transversale et à leur engagement envers la durabilité, les participants aspirent à surmonter les défis actuels et à bâtir un avenir plus résilient pour l’agriculture dans la région.
ARD/te/APA