La formation, axée sur les fourrages locaux, a permis aux bénéficiaires d’acquérir de nouvelles compétences qui seront mis à l’échelle dans les communautés d’agropasteurs.
L’aliment du bétail constitue un facteur limitant pour l’amélioration de la productivité animale dans les régions semi-aride et subhumide du Sénégal. Dans les grands centres urbains et en milieu rural, les sous-produits agro-industriels deviennent rares. Leur utilisation de manière efficiente permettrait aux producteurs de maximiser leurs rendements.
En réponse à ces défis, le volet chaine de valeur viande et lait du projet AICCRA – SN a formulé un certain nombre d’activités à mettre en œuvre pour améliorer les conditions d’élevage. La mise au point de rations alimentaires à base de résidus de cultures pour maintenir, voire accroître les performances zootechniques des animaux en saison sèche, en est une des composantes.
A Méouane, une localité du département de Tivaouane dans la région de Thiès (Ouest), les pratiques promues par AICCRA-Sénégal ont ainsi permis à Gora Samb de voir sa production de lait augmenter de manière considérablement.
« Avant l’usage des formulations apportées par AICCRA, nous n’obtenions, par jour, que 0,5 litre de lait par chèvre. Après une semaine d’alimentation aux nouvelles rations, nous avons dépassé 1,2 litre de lait par chèvre et par jour. A la deuxième semaine, nous avons atteint 3 litres puis 3,5 litres à la quatrième semaine. La production de lait a vraiment explosé », témoigne l’agropasteur.
Parallèlement à la production laitière, M. Samb a également fait recours aux conseils d’AICCRA pour l’embouche de ses deux vaches et deux moutons. Là également, les résultats ne sont pas faits attendre.
« En trois mois, les moutons sont passés de 29 à 65 kilos. Nous les avons vendus à 250 mille FCFA l’unité. Les trois, dont le prix initial tournait autour de 40 voire 50 mille, ont finalement rapporté 750 mille FCFA au total. Nous avions acheté les deux 425 mille CFA. Après deux mois, nous avons vendu l’un à 450 mille FCFA et l’autre à 650 mille FCFA. Car leur poids avait considérablement augmenté. Cela montre l’efficacité des formules promues par AICCRA », s’enthousiasme-t-il.
Pour une mise à l’échelle de ces techniques d’élevage
Fort de ces résultats obtenus chez Gora Samb et d’autres agropasteurs, AICCRA-SN, en collaboration avec l’Institut sénégalais de recherche agricole (Isra), a organisé, le mardi 1er août 2023 à Dahra Djolof dans le département de Linguère (Centre), un atelier de formation à l’intention des agents de vulgarisation et d’appui conseils de l’Agence Nationale de Conseil Agricole et Rural (ANCAR) et des services techniques vétérinaires sur ces technologies. L’objectif est d’accompagner la dynamique de la mise en échelle dans la durabilité.
« Cette formation est la suite logique du mandat que AICCRA nous a confié dans ses activités de chaines de valeurs lait et viande. Dans celles-ci, il y a plusieurs maillons : production, transformation et commercialisation. Le constat est que les deux derniers maillons ne peuvent pas fonctionner normalement sans que le maillon primaire qui est celui de la production ne marche. Il s’agit en quelque sorte de capaciter le producteur pour qu’il ait toutes les connaissances techniques afin de pouvoir être autonome dans sa ferme et produire la matière première pour soit faire de l’embouche ou produire du lait », a indiqué le Dr Fafa Sow.
Selon le spécialiste en nutrition animal au Centre de Recherche Zootechnique (CRZ) de l’Isra à Dahra Djolof, cette initiative est partie du constat que les services chargés de la vulgarisation des techniques développées avaient des limites pour les déployer dans le secteur de l’élevage.
« Nous avons davantage concentré la formation autour de ces agents pour qu’ils puissent bénéficier des compétences nécessaires afin de pouvoir accompagner les agropasteurs qui s’intéressent aux chaines de valeurs lait et viande que promeut AICCRA », a-t-il indiqué.
Un moyen d’atténuer les conflits éleveurs-agriculteurs
Au total, 2 personnes, venues de diverses localités, ont assisté à cette formation. Pour Kaïré Diongue, conseillère agricole aux exploitations familiales dans la zone des Niayes (Ouest), ce renforcement des capacités rêvait une importance capitale dans un contexte marqué par la rareté des ressources fourragères.
« En saison sèche, les éleveurs de la commune de Cayar où j’officie rencontrent d’énormes difficultés pour nourrir leur bétail. La période de soudure y est très rude. Pour se nourrir, les bêtes font ainsi des intrusions dans les périmètres maraichers occasionnant des conflits entre les bergers et les maraichers. Grâce à cette formation, je vais les pouvoir orienter vers d’autres ressources disponibles dans la commune. Cela permettra d’éviter les confrontations entre les deux camps », espère Mme Diongue.
Cette formation permettra également aux agents vulgarisateurs de renforcer les conseils de base qui constituent leurs principales actions en tant qu’agents de terrain.
Des séances de renforcement des capacités beaucoup plus pratiques suivront cette première rencontre afin de rendre opérateurs les bénéficiaires qui, à leur tour, formeront d’autres éleveurs dans leurs zones respectives.
ARD/te/APA