Le président du Conseil national pour la sauvegarde de la patrie (CNSP), junte au pouvoir à Niamey a nommé un gouvernement au moment où la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest se réunit de nouveau sur la situation au Niger.
Le Conseil national pour la sauvegarde de la patrie (CNSP) est-il en train de narguer la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao) ? Jeudi 10 août, la junte nigérienne, dirigée par le général Abdourahamane Tchiani a dévoilé la composition du gouvernement piloté par l’économiste Lamine Zeine, nommé cinq jours plus tôt et arrivé à Niamey mercredi en provenance du Tchad où il représentait la Banque africaine de développement (BAD).
L’équipe de l’ancien ministre de l’Economie et des Finances du défunt président Tandja, compte vingt et un ministres dont six membres des forces de défense et de sécurité. Les postes stratégiques sont confiés aux membres du CNSP. Ainsi, le général Salifou Mody, numéro de la junte est chargé de la Défense alors que le général Mohamed Toumba hérite du ministère de l’Intérieur.
Porte-parole des putschistes depuis la nuit du 26 juillet, le colonel-major Amadou Abdourahmane doit désormais gérer les Sports. Le colonel Salissou Mahaman Salissou est porté à la tête du département des Transports et de l’Equipement tandis que le ministère de l’Hydraulique, de l’Assainissement et de l’Environnement est confié au colonel Abdoulaye Maizama.
Nommé représentant permanent du Niger par le président déchu, après son passage à Cuba comme ambassadeur, Bakary Yaou Sangaré est le choix du général Tchiani tenir les rênes du ministère des Affaires étrangères et de la Coopération internationale.
Un nouvel acte de défiance ?
Au moment où l’ancien chef de la garde présidentielle met en place une équipe gouvernementale pour mener la transition dont la durée n’est pas encore déterminée, la Cédéao se réunit à Abuja. C’est la deuxième rencontre de l’instance suprême de l’institution régionale en moins de quinze jours sur la situation politique du Niger.
Lors de leur sommet extraordinaire du 30 juillet, les dirigeants ouest-africains ont décidé de sanctionner sévèrement Niamey et avaient donné un ultimatum d’une semaine à la junte pour rétablir le président Bazoum dans ses fonctions présidentielles, sous peine de s’exposer à une possible intervention militaire. Ce délai expiré, la Cédéao n’a pas mis à exécution sa menace, préférant donner toutes les chances à l’option diplomatique.
Fort du soutien de Bamako et de Ouagadougou, Niamey a menacé de riposter sur un pays membre de l’organisation communautaire s’il est attaqué. Dans le même état d’esprit, les autorités nigériennes ont refusé de recevoir une délégation tripartite de la Cédéao, de l’Union africaine et de l’Organisation des nations unies au motif qu’elles ne peuvent assurer leur sécurité.
La veille, la sous-secrétaire d’Etat américain aux affaires politiques, Victoria Nuland était à Niamey pour rencontrer des membres de la junte afin de trouver une solution pacifique à la crise que traverse ce pays sahélien. Mais la diplomate américaine n’a pas obtenu gain de cause. Conséquence: les Etats-Unis ont annoncé mercredi la suspension de certains de leurs programmes destinés au Niger.
Bien avant Washington, Paris a suspendu l’aide au développement et l’appui au budget nigérien. Niamey a riposté, dénonçant les accords et protocoles militaires avec Paris accusée, mercredi 9 août, de déstabilisation. Des accusations rejetées par l’Hexagone.
AC/APA