Selon les informations révélées par le BCIJ,le démantèlement de la cellule dirigée par Abderrahmane Sahraoui, un cadre influent de l’ÉI originaire de Libye, est le fruit d’une opération ayant duré près d’un an.
Le Bureau central d’investigations judiciaires du Maroc (BCIJ) a révélé, ce lundi, les contours de la menace terroriste d’envergure visant le Maroc. Lors d’une conférence de presse tenue à son siège à Salé, le directeur de l’institution, Habboub Cherkaoui, a détaillé le démantèlement d’une cellule affiliée à l’organisation de l’État islamique. Baptisée « Oussoud Al Khilafa Fi Al Maghreb Al Aqssa », cette cellule, opérant dans la région du Sahel et du Sahara, projetait des attentats et des actes de sabotage sur le territoire marocain.
Selon les informations révélées par le BCIJ, la cellule démantelée était dirigée par Abderrahmane Sahraoui, un cadre influent de l’État islamique originaire de Libye. Ce dernier aurait orchestré le transfert d’un lot d’armes destiné à être utilisé par les douze individus interpellés. L’arsenal a été localisé à Oued Naaâm, près de Boudenib, dans la province d’Errachidia. Parmi les éléments saisis figurent des fusils et des munitions soigneusement emballés dans des journaux maliens datés des 15 et 27 janvier 2025.
D’après le directeur du BCIJ, le Royaume demeure une cible prioritaire pour l’État islamique en raison de son engagement actif dans la lutte antiterroriste, tant à l’échelle africaine qu’internationale. L’enquête qui a abouti à cette opération a duré près d’un an, mettant en évidence l’infiltration de groupes extrémistes cherchant à établir une présence en territoire marocain.
Les autorités marocaines soupçonnent également certaines puissances régionales de soutenir ces factions terroristes, dans le but d’élargir leur influence au Sahel. La prolifération de groupes extrémistes dans cette zone constitue un défi sécuritaire majeur, poussant le Maroc à renforcer ses dispositifs de surveillance et de prévention.
Le Maroc a déjà mis hors d’état de nuire plus de quarante cellules terroristes au cours des dernières années, certaines ayant établi des liens directs avec des groupes armés actifs dans le Sahel. Des précédents similaires ont été signalés, notamment en décembre 2005, lorsqu’une cellule terroriste implantée à Tanger avait été neutralisée alors qu’elle préparait des attaques de grande ampleur.
La saisie récente de stocks d’armes dans la région d’Errachidia illustre la persistance de ces menaces. Des engins explosifs en cours de fabrication, des armes blanches, ainsi que des manuscrits stratégiques détaillant des cibles potentielles ont également été retrouvés lors des perquisitions.
Les enquêteurs marocains ont découvert que la cellule terroriste disposait d’une infrastructure logistique sophistiquée, avec des caches d’armes préétablies. Les armes retrouvées provenaient en partie de contrebande orchestrée par des responsables de l’État islamique, avant d’être dissimulées en attendant leur récupération par les cellules locales.
Le profil des membres arrêtés suggère une stratégie de recrutement ciblant principalement des individus faiblement éduqués. Sur les douze suspects interpellés, un seul possédait un diplôme universitaire, tandis que la majorité n’avait pas achevé leur cycle secondaire.
Malgré les échecs répétés de l’État islamique et d’Al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI) pour s’implanter durablement au Maroc, la menace reste constante. La capacité d’adaptation de ces organisations terroristes, couplée à leur maillage régional, requiert une vigilance accrue de la part des services de sécurité marocains.
MK/te/Sf/APA