Le rapport trimestriel du secrétaire général des Nations-unies a aussi décelé une augmentation du nombre de déplacés.
Conformément à son mandat, la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unis pour la stabilisation au Mali (Minusma) a rendu public son rapport couvrant le premier trimestre 2023. Selon ce document, 224 violations et atteintes aux droits humains ont été commises durant cette période, occasionnant la mort d’au moins 95 personnes dont 82 hommes, 5 femmes et 8 enfants. Par ailleurs, 87 autres personnes ont été blessées dont 38 hommes, 19 femmes et 30 enfants.
La mission onusienne au Mali a recensé 42 victimes d’enlèvement ou de disparation forcée.
Les groupes extrémistes violents sont les principaux auteurs d’actes de violence commis contre des civils. Le rapport relève 170 cas d’atteintes dont ont été victimes 116 hommes, 21 femmes et 33 enfants. De plus, la note rapporte que des violations du droit international humanitaire et du droit international des droits de l’homme ont été commises lors d’opérations militaires menées par les Forces armées maliennes, notamment lors d’opérations auxquelles du personnel de sécurité étranger et des dozos (chasseurs traditionnels) avaient pris part. Aussi, 55 cas d’arrestation et de détention arbitraires ont été enregistrés lors d’opérations militaires.
Le recrutement d’enfants par des groupes armés
Le document fait aussi état d’une augmentation du nombre de violations graves commises contre des enfants. Ainsi de 215 cas à la période précédente, ils sont 264 enfants à être victimes de violations. Parmi ces enfants, au moins 134 avaient été directement touchés. Ces violations comprenaient le recrutement et l’utilisation (135 cas), le meurtre ou les atteintes à l’intégrité physique (61 cas), les violences sexuelles (4 cas), les enlèvements (19 cas), les attaques contre les écoles et les hôpitaux (31 cas) et le refus d’accès humanitaire (14 cas). Parmi les 135 enfants recrutés, 67 ont quitté les groupes armés pendant la période considérée, 15, dont trois filles, ont été enlevés et recrutés de force et une fille a été enlevée à des fins sexuelles.
Cette situation tend à prouver que l’insécurité au Mali est non seulement persistante, mais grandissante, entraînant une augmentation du nombre de personnes déplacées, passant de 350 000 en janvier 2022 à plus de 412 000 en décembre 2022. En outre, 175 000 autres personnes se sont réfugiées dans les pays voisins. Cette année, 8,8 millions de personnes auront besoin d’une aide humanitaire. Ce chiffre a augmenté de 17 % par rapport à 2022 du fait des déplacements liés au conflit, des chocs climatiques et de l’insécurité alimentaire. Au total, 5,1 millions d’enfants (ce qui représente une augmentation de 59 %) ont besoin d’aide et 1,4 million (ce qui représente une augmentation de 21 %) souffrent de malnutrition aiguë. Les intervenants humanitaires ont demandé 751,4 millions de dollars pour venir en aide à 5,7 millions de personnes, mais l’accès humanitaire reste très difficile.
L’insécurité qui prévaut au Mali limite considérablement la présence des autorités publiques. Le rapport de la MINUSMA indique qu’en janvier, 110 (soit 44 %) des 245 représentants des autorités administratives (gouverneurs, préfets et sous-préfets) avaient pris leurs fonctions dans les régions du centre et du nord du pays. Tous les gouverneurs se trouvaient dans leur lieu d’affectation, mais seuls 67 % des préfets et 38 % des sous-préfets étaient en poste.
MD/ac/APA