La France ne reconnaît toujours pas les autorités issues du coup d’Etat du 26 juillet 2023.
Près de trois mois après le renversement du président nigérien Mohamed Bazoum par le Conseil national pour la sauvegarde de la patrie (CNSP), les relations entre Paris et Niamey sont de plus en plus tendues. A l’image de ses homologues au Burkina Faso et au Mali, la junte militaire au Niger a dénoncé les accords de défense avec la France et a demandé le retrait des militaires français déployés dans le pays après leur départ du Mali en 2022, sur fond de tension diplomatique avec Bamako.
Devant le fait accompli, Emmanuel Macron qui s’était opposé à la volonté de Niamey, a finalement annoncé la fin de la coopération militaire avec le Niger. Le chef de l’Etat français a indiqué dans la foulée que les soldats français basés dans ce pays sahélien seraient rapatriés « d’ici la fin de l’année ». Mais pour les nouvelles autorités nigériennes, il n’en est rien.
« Ces gens-là ne sont pas dans une logique de quitter le Niger. Leur logique est simple. Ils veulent profiter pour déstabiliser le pays, faire en sorte que les Nigériens s’entre-déchirent en créant la chienlit entre eux », a déclaré le ministre de l’Intérieur, le général Mohamed Toumba lors d’une rencontre avec la presse. Le général Toumba a participé, le 26 juillet dernier, au coup d’Etat qui a renversé le président démocratiquement élu Mohamed Bazoum, jusque-là principal allié de la France dans une région du Sahel où continue de grandir le « sentiment anti-français ».
La prise de pouvoir au Niger a été condamnée par la communauté internationale et la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’ouest (Cédéao) qui n’écarte pas une « intervention militaire » tout en privilégiant la voie pacifique pour rétablir le président Mohamed Bazoum. La France, qui considère le régime issu du coup d’Etat comme « illégitime », s’engage à suivre les résolutions de la Cédéao sur la crise nigérienne.
Selon le général Toumba, le plan de retrait des troupes françaises du Niger via le Bénin n’est pas validé par le chef de la junte, le général Abdourahamane Tiani, et ses hommes en raison des risques sécuritaires impliqués. « Les autorités françaises veulent que leurs troupes quittent en premier lieu. On leur a indiqué un chemin tout en les défendant de passer par le Bénin. Nous acceptons n’importe quelle direction, sauf le Bénin », a-t-il expliqué, précisant que Paris veut laisser partir ses avions militaires « à la dernière minute », une option non approuvée par les autorités nigériennes qui ont « pressenti des intentions malveillantes » de la France.
D’une centaine à 3000, voire 3500 soldats français au Niger
Le général Toumba rappelle que les forces françaises sont présentes au Niger « depuis 2010 ». Elles étaient logées à la base aérienne de Niamey « avec quelques avions » et « une centaine » d’éléments. L’objectif « à l’époque était de soutenir les Maliens qui étaient en difficulté » face à des groupes jihadistes toujours présents dans leur pays et la région sahélienne, a-t-il souligné.
Mais après la brouille avec Bamako suite à l’arrivée des colonels au pouvoir, la France s’est repliée au Niger où elle « a émis le désir de rester. En ce temps aussi, ils (l’armée française) ont été compris. L’autorisation leur avait été donnée à l’époque par le gouvernement en place de s’installer au Niger. Alors là, ils sont arrivés en grand nombre. Initialement, un nombre de 1500 avait été annoncé. Mais aujourd’hui, ils sont plus de 3000, voire 3500 », a soutenu le ministre de l’Intérieur nigérien, contestant le chiffre avancé par les autorités françaises.
Paris, qui n’a plus d’ambassadeur à Niamey après le départ mouvementé de Sylvain Itté le 27 septembre dernier, a précisé que quelque 1500 soldats français sont déployés au Niger dans le cadre de la lutte antiterroriste au Sahel. « Vous êtes militaires, nous sommes militaires. Nous savons pertinemment que si vous gardez des troupes encore ici au Niger, c’est toujours dans cet esprit belliqueux pour avoir ces velléités », a soupçonné le général Mohamed Toumba.
ODL/ac/APA