Au cours de l’année précédente, Amnesty International a observé un durcissement significatif des mesures répressives à l’encontre des voix dissidentes en Tunisie.
Dans une escalade notable de la répression contre l’opposition politique, la police tunisienne a procédé, le 13 juillet 2024, à l’arrestation du secrétaire général d’Ennahdha, Ajmi Ouirimi, dans le gouvernorat de Mannouba. Deux autres membres du parti, Mohamed Ghanoudi et Mosaab Gharbi, ont également été appréhendés lors de ce qui semblait être un contrôle d’identité officiel. À ce jour, ils demeurent détenus sans aucune inculpation.
En réponse à ces événements, Heba Morayef, directrice du programme régional Afrique du Nord et Moyen-Orient d’Amnesty International, a exprimé une vive inquiétude : « Il est scandaleux de voir les autorités tunisiennes piétiner les droits fondamentaux dans le but de saper l’opposition politique ».
Elle a souligné l’absence de procédure légale clairement établie lors de leur arrestation : « Ajmi Ouirimi, Mohamed Ghanoudi et Mosaab Gharbi n’avaient aucune connaissance préalable d’une enquête ou d’un mandat de perquisition à leur encontre lorsque la garde nationale tunisienne les a arrêtés. Leurs avocats n’ont pas été autorisés à les rencontrer pendant 48 heures et n’ont toujours pas eu accès au dossier, ni aux détails des accusations portées contre leurs clients ».
Ces arrestations suscitent d’autant plus d’inquiétude à l’approche de l’élection présidentielle programmée pour le 6 octobre 2024. Amnesty International a appelé les autorités tunisiennes à informer les détenus des motifs de leur arrestation et à leur permettre de consulter immédiatement un avocat, et à les libérant à défaut de les inculper pour une infraction pénale reconnue par la loi, conformément aux normes internationales. « Dans le cas contraire, cela indiquerait qu’il s’agit d’une nouvelle affaire politique visant à faire taire la dissidence », a déclaré Morayef.
Amnesty International a également rappelé la nécessité pour les autorités tunisiennes de cesser les violations des droits humains : « Il est temps que les autorités tunisiennes cessent de bafouer les droits humains et de réprimer l’opposition. Arrestations arbitraires de journalistes, d’avocats, de militants et de responsables politiques, mais aussi sape systématique de l’indépendance de la justice : elles doivent se détourner de cette voie répressive et placer les droits humains au premier plan et au centre de l’action gouvernementale », dit-elle
Au cours de l’année précédente, Amnesty International a observé un durcissement significatif des mesures répressives à l’encontre des voix dissidentes en Tunisie, avec des charges souvent infondées portées contre des figures de l’opposition et d’autres critiques. Parmi les personnes arrêtées figurent plusieurs membres du parti Ennahdha, notamment leur chef Rached Ghannouchi, détenu depuis le 18 avril 2023, ainsi que Noureddine Lebhiri, également sous le coup de poursuites à caractère politique.
Depuis la prise en main du pouvoir par le président Kaïs Saïed, la situation des droits humains en Tunisie n’a cessé de se détériorer. Les garanties institutionnelles en matière de protection des droits humains ont été démantelées, et l’indépendance du système judiciaire est gravement compromise, selon Amnesty International. Les tribunaux visent de plus en plus les détracteurs du président, en utilisant des lois répressives pour restreindre la liberté d’expression, tandis que les bureaux des organisations de la société civile sont régulièrement perquisitionnés et leurs membres arrêtés ou poursuivis en justice.
MN/Sf/te/APA