Face aux tensions croissantes à la frontière avec le Soudan du Sud, la Commission de la défense et des affaires intérieures de l’Ouganda appelle à une accélération du processus de démarcation pour renforcer la sécurité dans la région de Karamoja.
La Commission de la défense et des affaires intérieures de l’Ouganda a recommandé, mercredi 18 septembre 2024, l’accélération du processus de démarcation de la frontière commune avec le Soudan du Sud afin de résoudre les conflits frontaliers qui menacent la sécurité dans la région de Karamoja.
Selon l’honorable Linos Ngompek, vice-président du comité et député du comté de Kibanda Nord, le conflit frontalier non résolu entre l’Ouganda et le Soudan du Sud constitue une menace sérieuse pour la sécurité de la région. « Les conclusions du comité soulignent le besoin urgent de résoudre les conflits territoriaux avec le Soudan du Sud », a déclaré M. Ngompek en présentant le rapport de sa commission.
Le document met également en lumière l’impact négatif sur le bien-être socio-économique des communautés locales. A en croire ces députés, le manque de démarcation claire a exacerbé les tensions, notamment en raison de l’intrusion des forces armées sud-soudanaises dans les zones contestées. « Le gouvernement doit accélérer la démarcation conjointe de la frontière pour préserver l’intégrité territoriale de l’Ouganda et réduire les menaces à la sécurité », a insisté M. Ngompek.
Sécuriser Karamoja
Outre la démarcation, la commission a également recommandé de renforcer les infrastructures de sécurité dans la région. Parmi les mesures proposées, l’installation d’une brigade des Forces de défense populaire de l’Ouganda (UPDF, sigle anglais) à Kaabong ainsi que la construction de routes de sécurité supplémentaires figurent en bonne place. Ces infrastructures visent à mieux surveiller les mouvements transfrontaliers et à protéger les communautés locales.
De plus, pour faire face aux défis environnementaux qui exacerbent les conflits, la commission a demandé au gouvernement de garantir que les communautés pastorales aient accès à des ressources en eau pendant les périodes de sécheresse. Pour cela, des fonds doivent être alloués au désensablement des barrages de Morungole et de Longoromit, deux installations cruciales pour l’approvisionnement en eau, suggèrent les élus.
Afin de promouvoir une paix durable dans la région de Karamoja, le comité appelle également le gouvernement à soutenir activement les dialogues de paix locaux et à mettre en place des programmes de formation professionnelle pour les jeunes, en particulier les Karachuna (jeunes guerriers). Ces initiatives visent à détourner les jeunes des activités criminelles, notamment les vols de bétail, qui constituent une source majeure d’instabilité dans la région.
Le général Peter Elwelu, représentant de l’UPDF au Parlement et ancien chef adjoint des forces de défense, a salué les recommandations du comité tout en rappelant les efforts déjà déployés pour stabiliser la région. Il a souligné que la sécurité à Karamoja est une « priorité nationale » et que des actions concrètes sont en cours. « La sécurité à Karamoja est renforcée et les problèmes de vol de bétail sont pris très au sérieux », a-t-il assuré.
L’UPDF a lancé la campagne « Usalama Kwa Wote » en 2019, une initiative visant à stabiliser Karamoja par des actions de désarmement et de récupération du bétail volé. Entre mai 2023 et août 2024, la 5e brigade d’infanterie de l’UPDF a récupéré « 923 bovins volés », bien que « 214 restent introuvables. »
Le rapport aborde aussi des questions liées à la faune sauvage et au braconnage dans les régions frontalières. L’Autorité ougandaise de la faune sauvage a été exhortée à prendre des mesures contre ce problème et à gérer les animaux errants du parc national de la vallée de Kidepo, qui menacent les communautés locales. Ces bêtes errantes ont provoqué des pertes de vies et de biens, ajoutant à l’instabilité dans les zones rurales.
ARD/Sf/te/APA