Avec une enveloppe d’environ 746,33 millions d’euros, le programme de rénovation du patrimoine architectural du Maroc vise à transformer les sites historiques en espaces vivants intégrés aux villes modernes.
Le gouvernement marocain a pris conscience de l’urgence d’investir de manière significative dans la préservation des bâtiments historiques et des quartiers traditionnels du pays. Connu pour ses anciennes médinas, ses kasbahs et ses palais historiques, le Royaume du Maroc attire de nombreux touristes, mais fait face à une certaine dégradation de son patrimoine architectural, les autorités ont décidé de donner un nouveau coup de lifting au patrimoine architectural du pays.
De nombreux édifices se trouvent dans un état de détérioration avancée, et les propriétaires privés, souvent incapables ou réticents à effectuer les travaux nécessaires, laissent ces structures se dégrader. Pour endiguer ce phénomène, l’État a décidé d’intervenir en lançant un vaste programme de rénovation. Ce projet, annoncé par le chef du gouvernement Aziz Akhannouch, prévoit des investissements à hauteur de 8 milliards de dirhams marocains (environ 746,33 millions d’euros) pour restaurer et revitaliser les ksour, kasbahs et anciennes médinas. Le ministre a confirmé cette initiative devant les membres du Parlement, soulignant l’enthousiasme des associations de défense du patrimoine national.
Le programme de rénovation s’étalera sur quatre ans (2024-2028) et vise à transformer les sites historiques en espaces vivants intégrés aux villes modernes, plutôt qu’en musées à ciel ouvert, comme le rapporte le magazine Jeune Afrique. Les municipalités telles que Fès, centre spirituel et culturel du pays, seront au cœur du projet. Avec ses fondouks, ruelles étroites, mosquées et mausolées, la médina de Fès servira de modèle. L’Agence pour le développement et la réhabilitation de la médina de Fès se concentrera particulièrement sur la préservation des mosquées zaouïa, symboles précieux de l’islam malikite sunnite.
Fès accueille également la plus ancienne université du monde, l’Université Al-Qarawiyyin, fondée en 859 par Fatima al-Fihri. Ailleurs, les mausolées des confréries Assadiqiya, Charradiya et Tijania bénéficient déjà d’un entretien particulier. D’autres villes comme Tanger, Tétouan, Chefchaouen, Rabat et Essaouira sont également inscrites au programme de restauration, dans un effort visant à revitaliser ces sites en les intégrant harmonieusement aux tissus urbains contemporains.
Ce plan soulève toutefois certaines interrogations quant à sa mise en œuvre, notamment en ce qui concerne les bâtiments appartenant à des propriétaires privés. Des questions demeurent sur la responsabilité de l’État à l’égard de ces propriétés et sur les éventuelles aides financières qui pourraient être accordées pour soutenir les propriétaires dans leurs efforts de restauration. Le dilemme de la rentabilité des investissements privés dans l’immobilier patrimonial, souvent non lucratif, reste présent.
Les récents effondrements de structures, exacerbés par le séisme de septembre 2023, soulignent l’urgence de telles interventions. Cependant, les responsabilités des propriétaires privés restent un sujet de débat, car ils pourraient être tenus pour responsables de la sécurité des bâtiments, surtout lorsqu’ils sont loués ou utilisés à des fins commerciales. À travers certes initiative, le gouvernement espère parvenir à un équilibre entre la préservation de l’héritage culturel marocain et les réalités économiques actuelles.
MN/ac/Sf/APA