Le président Mohamed Bazoum est placé en résidence surveillée depuis le renversement de son régime, le 26 juillet dernier.
Le chef de l’Etat nigérien déchu doit prendre son mal en patience. Près de deux mois après avoir saisi la Cour de justice de la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (Cédéao) pour obtenir sa libération et celle de membres de sa famille ainsi que le rétablissement de l’ordre constitutionnel au pays, Mohamed Bazoum est toujours surveillé comme du lait sur le feu par les militaires arrivés au pouvoir depuis le 26 juillet 2023.
Les nouveaux dirigeants, sous la conduite du général Abdourahamane Tiani, le chef de la junte, ont même renforcé la surveillance de l’ex-chef de l’Etat qu’ils ont accusé d’avoir tenté de s’évader de son lieu de détention dans la nuit du 18 au 19 octobre dernier.
C’est face à cette situation, que ses proches qualifient de « séquestration », que la juridiction ouest-africaine basée à Lagos, au Nigéria, a été saisie le 20 septembre dernier par les avocats de l’homme âgé de 63 ans. Elle a examiné l’affaire le lundi 6 novembre en présentiel et par visioconférence avant de déclarer à la fin de la séance qu’elle rendra son jugement le jeudi 30 novembre prochain.
Mais lors de l’audience du lundi, quatre avocats de la famille Bazoum ont défendu depuis Dakar, la capitale sénégalaise, la double requête de leur client. Ils estiment que celui que la communauté internationale considère jusqu’à présent comme le président légitime du Niger est détenu arbitrairement tout comme sa femme, Hadiza, et leur fils, Salem, par les nouvelles autorités nigériennes. D’après les conseils, cette détention constitue une violation de l’article six de la Charte africaine des droits de l’homme, un article que protège la Cour de justice de la Cédéao.
En revanche, les avocats du régime putschiste nigérien ont indiqué devant la cour que la famille Bazoum n’était pas séquestrée mais « maintenue dans sa maison pour sa sécurité ». Sur la deuxième requête du successeur de Mahamadou Issoufou, ils ont invité la justice ouest-africaine, qui doit rendre sa décision fin novembre, à se déclarer incompétente.
Leur argument est que la cour « n’a pas vocation à restaurer l’ordre constitutionnel » dans un pays alors que les chefs de l’Etat de la Cédéao ne sont pas revenus en arrière sur leur menace d’attaquer le pouvoir militaire nigérien au cas où il refuserait de rendre le pouvoir à Mohamed Bazoum.
ODL/te/APA