Les quotidiens sénégalais parvenus vendredi à APA titrent principalement sur la pression populaire qui s’exacerbe sur le régime du président sortant Macky Sall après que les députés de sa majorité ont voté pour le report de l’élection présidentielle, une mesure qui provoque une série de manifestations et de contestations.
Sous le titre « cocktail explosif », Walf Quotidien fait état d’une ébullition sociopolitique à la suite du report de l’élection présidentielle du 25 février 2024 au 15 décembre 2024. Le journal indique que « syndicats, élèves, étudiants, religieux, fonctionnaires, architectes, politiques » sont entre autres différents corps socioprofessionnels qui promettent de descendre « dans la rue » pour fustiger cette décision de report du camp présidentiel et de ses alliés de l’opposition parlementaire au moment où des magistrats se mettent dans la « révolte » contre le régime de Macky Sall.
Le Quotidien constate de « Sall pressions sur Macky » après le report du scrutin présidentiel. Alors que « les enseignants (seront) en débrayage aujourd’hui », les députés de la coalition Yewwi Askan Wi (YAW, libérer le peuple) « saisissent les sept Sages » du Conseil constitutionnel pour réclamer l’inconstitutionnalité de la proposition de loi votée lundi dernier à l’Assemblée nationale pour reporter la présidentielle.
« La plateforme +Aar Sunu élection+ (protéger notre scrutin) engage le combat contre le report de l’élection présidentielle. Appelant à une forte mobilisation des citoyens, la plateforme les invite à se rendre à la prière de ce vendredi en arborant le drapeau national en guise de protestation. Non sans demander aux imams et prêtres de consacrer leurs prêches et homélies contre ce report », souligne le journal.
Parmi ces religieux qui sont opposés au report du scrutin, Libération cite l’archevêque de Dakar, Mgr Benjamin Ndiaye, qui « revient à la charge ». « On est dans l’inconnu, on a l’impression d’être victime de calculs politiques », estime le chef de l’Eglise catholique du Sénégal dans le quotidien qui souligne que « 39 députés de YAW déposent une saisine en inconstitutionnalité » contre la loi n°04/2024 reportant l’élection présidentielle au 15 décembre prochain.
Face à cette pression qui s’accumule autour du chef de l’Etat, L’Observateur craint un « horizon bouché de Macky » Sall pour sa « carrière internationale » après avoir quitté le pouvoir. « Sa crédibilité est entamée, son image écornée, sa légitimité érodée, ça peut être rédhibitoire pour sa réinsertion post-élection » alors que « ses chances d’avoir un poste à l’International vont s’éclipser », analysent des experts pour le journal.
Avec le report de la présidentielle, Sud Quotidien indique que c’est « la Constitution (qui est) mise à mal » tandis que L’Observateur note que ce report a provoqué des « pertes sèches » pour plusieurs acteurs. « Contrats résiliés, dépenses perdues, espoirs anéantis » sont entre autres conséquences ressenties par plusieurs parties prenantes qui pourraient déposer « une plainte contre l’Etat pour dédommagement ».
Alors que des informations faisaient savoir que la tension politique dans le pays serait évoquée lors d’un sommet de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao), hier jeudi 8 février, Le Soleil précise que « le Sénégal (n’était) pas à l’ordre du jour ».
Présent à la session, le ministre des Affaires étrangères, Ismaila Madior Fall, explique que « les points qui doivent être retenus dans l’agenda doivent être notifiés aux Etats avant qu’ils n’arrivent ici, pour ce qui concerne les sessions extraordinaires ». Le chef de la diplomatie sénégalaise précise pour le quotidien national que « ce n’était pas le cas pour le point relatif à la situation dans notre pays ».
ODL/ac/APA