“Par décret pris en Conseil des ministres, le gouvernement avait prorogé la période […] de la révision de la liste électorale 2024-2025″ en Côte d’Ivoire, initialement prévue du 19 octobre au 10 novembre, “jusqu’au 17 novembre”.
Ce dimanche, les opérations de révision des listes électorales se sont donc achevées en Côte d’Ivoire. Il faut à présent patienter pour l’analyse des données, la publication des listes provisoires, puis la période de contentieux avant les listes définitives, attendues à la mi-2025.
La CEI, archétype du bouc émissaire ?
Prévue par la Constitution du 1er août 2000, la CEI a vu son rôle central précisé en 2016 par la nouvelle Constitution : organiser et assurer la bonne tenue d’élections démocratiques et transparentes en Côte d’Ivoire. Mission réussie depuis 2011 et à laquelle elle s’est donc à nouveau attelée en organisant la révision des listes électorales à un an du scrutin présidentiel.
Plusieurs critiques n’ont pourtant pas tardé à se faire entendre du côté de l’opposition, accusant la CEI de faire le jeu du pouvoir en place. Mais il y a sans conteste une forme de fainéantise politique et intellectuelle à accuser la CEI.
D’abord car, rappelons le, celle-ci est une autorité administrative indépendante, composée en partie de personnalités nommées par le président de la république, de personnes issues de la société civile et de membres de l’opposition – cinq représentants. L’accusation de partialité ne tient pas. Surtout, dans l’optique de la révision des listes électorales, la CEI a mené une action de grande envergure : ouverture de 12 000 centres de recensement, machines configurées pour accueillir 50 requérants par jour, soit au total près de 14 millions de nouveaux électeurs, gratuité du certificat d’inscription, vaste campagne de publicité.
Le moins que l’on puisse dire, c’est que la CEI ne fait pas preuve de passivité. La période de recensement a même été rallongée de 7 jours. Alors, pourquoi la CEI fait-elle figure de fautive aux yeux de l’opposition ?
Recensement électoral : le nœud d’un faux problème ?
En réalité, deux confusions semblent masquer la démarche d’amélioration continue qui caractérise l’action de la CEI, ainsi que le bien-fondé des listes électorales. Premièrement, une confusion entre la CEI et le RHDP, parti présidentiel. C’est bien la CEI, et la CEI seule, qui organise l’élection présidentielle.
La mise en doute de l’indépendance de la Commission relève davantage du complotisme insidieux que du questionnement pertinent. Deuxièmement, une confusion dans le combat à mener par les partis politiques. Les critiques de l’opposition ont davantage traduit une fébrilité politicienne qu’un réel souci démocratique. Car c’est aux partis de jouer leur rôle d’acteur et d’incubateur de la vie politique dans la cité, de convaincre les citoyens d’user de leurs droits et de s’inscrire sur les listes électorales dans le cadre institué par la CEI – cadre constitutionnellement admis. D’autant que la CEI n’a pas exclu la possibilité d’organiser une seconde campagne de recensement en 2025, tout en rallongeant la période de révision actuelle – alors que la principale critique s’est focalisée sur la soi-disant promptitude de la période de recensement.
Peut-être les partis d’opposition feraient-ils mieux de se concentrer sur leur rôle au lieu d’avoir la critique facile. Car, comme le dit le porte-parole de la commission électorale, Émile Ebrotié, “le rôle de la CEI, c’est d’organiser les élections […]. C’est aux partis politiques de faire voter leurs militants”.
TE/CP/Sf/APA