Un groupe d’experts indépendants des Nations Unies a tiré la sonnette d’alarme concernant la dégradation progressive des libertés démocratiques en Zambie, appelant le gouvernement à respecter les droits garantis par la Constitution.
Dans une déclaration publiée jeudi 29 aout, des experts indépendants des Nations Unies ont exprimé leur inquiétude face à une tendance croissante aux arrestations et détentions arbitraires visant les dirigeants de l’opposition, les défenseurs des droits de l’homme et les militants en Zambie. Depuis janvier 2022, le groupe a documenté au moins 26 cas d’arrestations sous divers prétextes, notamment pour rassemblement illégal, espionnage, discours de haine et pratiques séditieuses.
Selon les experts, ces actions semblent avoir pour objectif d’étouffer la dissidence et de restreindre la participation à la vie politique et publique. « Ces pratiques ont entraîné une polarisation politique et une autocensure croissantes », ont-ils déclaré. Les experts ont souligné que la répression de la liberté d’opinion, d’expression, d’association et de réunion constitue une menace grave pour les fondements d’une démocratie fonctionnelle.
La situation, ont-ils averti, pourrait aggraver les divisions au sein de la société, notamment sur des bases ethniques et régionales, réduisant ainsi davantage l’espace civique dans le pays. Le panel a également signalé 16 incidents impliquant des journalistes et des médias, ainsi que 11 affrontements et agressions principalement perpétrés par des membres du parti au pouvoir contre des partisans de l’opposition.
Même les institutions religieuses n’ont pas été épargnées, des membres du clergé ayant été arrêtés et des réunions perturbées par les forces de l’ordre. Pour apaiser les tensions, les experts ont exhorté le gouvernement zambien à respecter ses obligations constitutionnelles et à créer un environnement sûr pour l’engagement civique.
Ils ont insisté sur la nécessité de réformes législatives, en particulier concernant des lois telles que la celle sur l’ordre public et le code pénal, afin de les aligner sur les normes internationales des droits de l’homme. Les experts se sont dits particulièrement préoccupés par l’utilisation abusive de dispositions légales telles que les accusations d’« intention séditieuse » pour réprimer les expressions légitimes de dissidence. Ils ont également pointé du doigt de graves lacunes dans le système judiciaire, notamment des arrestations prématurées et des retards dans les procédures judiciaires.
Bien que le panel ait reconnu les efforts du gouvernement pour lutter contre les discours de haine et promouvoir l’unité nationale, il a souligné que ces mesures doivent être conformes aux lois nationales et aux normes internationales des droits de l’homme. Ils ont également encouragé le gouvernement à favoriser le dialogue avec les partis d’opposition pour mettre fin aux cycles d’hostilité qui caractérisent la politique zambienne depuis des décennies.
Le panel a conclu en affirmant qu’il maintient un contact étroit avec le gouvernement zambien pour traiter ces questions urgentes, réitérant l’appel à un engagement renouvelé en faveur des principes démocratiques et de la protection des droits de l’homme.
JN/fss/ac/Sf/APA