Selon le leader de l’opposition tchadienne, « participer à ces élections, c’est prendre une anesthésie qui donne l’illusion du progrès ». D’où la non-participation du parti « Les transformateurs ».
À l’occasion de la célébration du deuxième anniversaire des manifestations meurtrières du 20 octobre 2022, Succès Masra, président du parti Les Transformateurs, a prononcé un discours critique sur le climat politique actuel au Tchad. Faisant référence aux élections législatives prévues pour le 29 décembre 2024, il a clairement exprimé la position de son parti face à ce qu’il qualifie d’électoralisme biaisé.
Dans son discours, Succès Masra a évoqué les événements d’avril 2021, marqués par la prise du pouvoir par le Général Mahamat Idriss Déby Itno suite au décès de son père, le maréchal Idriss Deby Itno dans le nord du pays, soulignant que le régime en place depuis des décennies avait taillé la constitution et les lois électorales en leur faveur.
Il a rappelé que son parti avait demandé à l’époque de reporter les élections pour instaurer un dialogue inclusif. Selon lui, cette demande a été ignorée, conduisant à une situation politique qui a poussé l’ancien président Idriss Déby à la mort. « Les mêmes acteurs, qui affirmaient que les lois étaient parfaites, sont aujourd’hui en train de dire que tout doit être refondé », a-t-il souligné.
Succès Masra a également dénoncé la coalition au pouvoir, la qualifiant de simple continuité du régime précédent. Il a affirmé que cette coalition se présente désormais à visage découvert en se fabriquant une opposition pour maintenir son contrôle sur le processus politique.
Malgré les efforts du parti pour obtenir un dialogue véritable, Masra a déclaré qu’aucune réponse satisfaisante n’a été obtenue des autorités en place. Il a donc conclu que participer aux élections législatives dans les conditions actuelles reviendrait à « servir de caution à l’installation d’un régime de type apartheid », insistant sur le fait que les résultats étaient déjà prévus dans les systèmes des autorités. « Participer à ces élections, c’est prendre une anesthésie qui donne l’illusion du progrès », a-t-il affirmé.
Il a cependant précisé que les Transformateurs ne boycottaient pas les élections, mais refusaient de participer à un simulacre de démocratie. « Ce n’est pas nous qui boycottons les élections, on nous demande d’accompagner un électoralisme plutôt que de la démocratie. Il y a une différence entre les deux », a-t-il expliqué.
Succès Masra a également critiqué la communauté internationale pour son silence sur les pratiques électorales au Tchad, évoquant notamment une contradiction dans leurs demandes de transparence électorale, comparant la situation avec celle du Venezuela.
Le président des Transformateurs a donc conclu que, dans ces conditions, il est impossible pour son parti de participer à des élections dont l’issue semble déjà déterminée.
Succès Masra était deuxième à la présidentielle du 6 mai dernier remportée au premier tour par Mahamat Idriss Deby Itno.
AC/Sf/APA