Les femmes tchadiennes ont recommandé que le domicile conjugal leur soit attribué en cas de divorce.
« Introduire un projet de loi stipulant qu’en cas de divorce motivé, le domicile conjugal revient à la femme et aux femmes ». Telle est l’une des 15 recommandations faites par les femmes à la clôture de la Semaine nationale de la femme tchadienne, le 8 mars 2025 à N’Djaména.
Cette recommandation est inspirée des propos de l’ancien ministre des Affaires étrangères et actuel Sénateur, Abderaman Koulamallah lors d’un panel animé le 1er mars à l’occasion de l’ouverture du Salon de la Femme tchadienne. Intervenant sur le thème : « La masculinité positive au Tchad : mythe ou réalité », Abderaman Koulamallah avait déclaré : « Les hommes du Tchad ne vivent pas dans l’histoire mais dans la préhistoire. Chez mes parents soudanais, lorsque l’homme ne veut plus de la femme, c’est lui qui quitte le foyer. Madame le ministre, vous devrez instituer cela au Tchad. »
Cette recommandation fait débat sur la toile. Beaucoup d’internautes l’ont rejetée, arguant qu’elle encourageait l’instabilité dans les couples.
Sous les feux des critiques, le Sénateur Abderaman Koulamallah est revenu à la charge. « Les hommes tchadiens doivent cesser de considérer leurs épouses comme un objet que l’on jette après usage », a-t-il écrit dans un post sur Facebook, visité à APA. D’après lui, ses propos font l’objet d’une interprétation erronée. « Certains hommes s’indignant à tort, prétendant que la loi chercherait à les “spolier” en donnant leur maison à leur ex-femme. Ce n’est absolument pas ce que j’ai dit. Il ne s’agit pas d’expropriation, mais d’un principe de protection : empêcher que des femmes divorcées se retrouvent à la rue avec leurs enfants », a-t-il expliqué. Pour lui, l’homme « doit assumer ses responsabilités en garantissant un toit à son ex-épouse et à ses enfants tant que ceux-ci sont mineurs et sous sa garde. » « C’est une question de Justice et de dignité », justifie Abderaman Koulamallah.
La ministre en charge de la Femme, Amina Priscille Longoh a réagi sur ses réseaux sociaux. « J’ai suivi avec beaucoup d’intérêt le débat sur l’une des recommandations de la SENAFET. Bien que les avis soient contradictoires, l’avantage ici est qu’une question silencieuse est discutée publiquement », s’est-elle félicitée, expliquant qu’une grande majorité de femmes, ménagères, contribuent à la réussite professionnelle du conjoint. « Mais cette contribution n’est pas reconnue et dans plusieurs cas de conflits conjugaux, certains hommes aisément disent à leurs femmes “ Ramasses tes bagages et sors de chez moi” », s’est-elle indignée. « À cette catégorie de femmes, doit on interdire d’exprimer son ressenti et son besoin d’être à l’abri ? », interroge la ministre.
Pour elle, cette recommandation a tout son sens. Car, soutient-elle, « il y a bon nombre de pères irresponsables qui trouvent le sommeil paisible aux côtés d’une nouvelle épouse alors que leurs enfants sont sans abris. » Pour le reste, une recommandation n’est pas une loi moins encore un projet de loi, a-t-elle conclu.
CA/ac/Sf/APA