Une soixantaine de participants aux opinions politiques divergentes se sont réunis au forum de Juba capitale du Sud-Soudan, une rencontre de la jeunesse en quête d’espace politique pour une transition politique pacifique dans la plus jeune nation du monde.
Akouj Elijah est une mère dévouée, une épouse et une fonctionnaire à plein temps dans une organisation de la société civile qui promeut la réconciliation entre les communautés locales en conflit.
Elle et son fils malade de deux ans participent à un forum des partis politiques pour les représentants de la jeunesse à Juba, la capitale du Soudan du Sud. Dès qu’elle aura un peu de répit, elle se précipitera dehors pour l’emmener à l’hôpital, puis reviendra.
En attendant, le jeune Thon Ater se comporte de son mieux. Il reste silencieux et s’accroche aux moindres faits et gestes de sa mère.
« Je n’aurais manqué ça pour rien au monde », dit Mme Elijah.
Mais pourquoi se donner la peine d’assister à un événement politique de trois jours avec un enfant malade à la remorque ?
« Le forum est important parce que les jeunes sont majoritaires dans ce pays, et il est difficile d’avoir des occasions comme celle-ci de participer et d’exprimer ses idées sur la façon de faire progresser son pays de manière pacifique », explique-t-elle. Akouj Elijah aurait pu ajouter quelques autres faits de la vie politique sud-soudanaise qui s’ajoutent aux défis auxquels sont confrontés les jeunes désireux de participer à la prise de décision et à l’évolution de son pays.
Ces faits pourraient être une bureaucratie excessive, un manque de financement et d’opportunités de renforcement des capacités, un espace politique insuffisant et une culture de ce que beaucoup en Occident appelleraient l’âgisme inversé – la tradition selon laquelle les personnes un peu plus âgées ne prêtent pas toujours toute l’attention et le respect à ce que les jeunes hommes et, en particulier, les femmes ont à dire.
Conscient que les opportunités sont rares, James Adhal Kot, eprésentant le Parti libéral du peuple du Soudan du Sud, a assisté au forum en pensant que cela lui permettrait de « renforcer son rôle, ses droits et sa voix, tout en ouvrant la voie à un avenir prospère pour le Soudan du Sud ».
Il veut faire partie des jeunes pionniers qui aideront son pays à organiser ses premières élections démocratiques, changeant ainsi le récit de la politique du Soudan du Sud.
James et Akouj font partie des 60 jeunes aux opinions politiques divergentes qui se sont réunis dans le cadre d’un effort de collaboration à l’échelle du pays pour entendre le rôle que les jeunes peuvent jouer dans ce qui est espéré être une transition politique pacifique de la plus jeune nation du monde.
Depuis 2019, la Mission des Nations Unies au Soudan du Sud (MINUSS), en partenariat avec la Commission mixte de suivi et d’évaluation reconstituée, l’Autorité intergouvernementale pour le développement et l’Union africaine (UA), ont permis une série de dialogues pour favoriser une compréhension de la manière dont les partis politiques peuvent contribuer au développement de leur pays.
Cette fois, le décor a été planté pour que les jeunes expriment leurs pensées et leurs points de vue sur des questions cruciales telles que le processus d’élaboration de la constitution et les réformes électorales.
Jemima Luka, représentante de l’Union nationale soudanaise africaine, a apprécié l’occasion.
« Ce fut une excellente occasion de socialiser avec des jeunes d’autres partis politiques, de partager des pensées et des idées et de trouver le terrain d’entente qui nous unit », a-t-elle commenté. Guy Bennett, chef de la division des affaires politiques de la mission de maintien de la paix, aurait apprécié ses remarques, alignées sur un objectif clé de la mission.
« Peut-être y a-t-il quelqu’un dans cette salle qui représentera un jour le Soudan du Sud sur la scène mondiale », a-t-il déclaré.
« L’Onu a une stratégie pour la jeunesse 2030, qui porte sur l’inclusion des jeunes, sur l’écoute de leur voix, sur la manière d’impliquer davantage et mieux les jeunes dans le discours politique.C’est le type de forum qui contribuera à atteindre ces objectifs », a-t-il ajouté.
David Kwaje, chef de la mission de l’Autorité intergouvernementale pour le développement au Soudan du Sud, n’aurait pas pu être plus d’accord.
« Vos voix, vos idées, votre énergie et vos actions ont le pouvoir de transformer le pays, de propulser votre société vers un avenir plus brillant et plus prospère », a-t-il déclaré, ajoutant que « les jeunes de tout pays ne sont pas seulement les dirigeants de demain, mais le changement d’aujourd’hui ».
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