Le Premier ministre, Ousmane Sonko a annoncé mardi 18 février un financement de 1 000 milliards de francs CFA pour un soutien massif aux PME locales, un des maillons importants pour matérialiser la politique de souveraineté économique des nouveaux dirigeants sénégalais.
Présidant la cérémonie d’ouverture de la quatrième édition du forum de la Petite et moyenne entreprise (PME), le chef du gouvernement a annoncé la mise en œuvre d’une stratégie nationale de développement des PME-PMI sénégalaises. L’objectif est d’accroître leur part de marché au niveau national et régional, dans la perspective de la Zone de libre échange économique africaine (ZLECAf).
« En prenant le risque d’investir votre argent dans l’entreprise, vous façonnez le futur économique du Sénégal. La bataille engagée pour la souveraineté économique se gagnera par vous et pour vous », a affirmé Ousmane Sonko, rappelant devant plusieurs participants, au Grand théâtre de Dakar, que ce forum s’inscrit dans un nouveau contexte marqué par le référentiel des politiques publiques, « Vision Sénégal 2050 », des nouvelles autorités.
Il a dans ce sens réitéré l’engagement du gouvernement à accélérer le programme de financement massif des PME-PMI, avec un fonds de 1 000 milliards FCFA prévu cette année et qui sera signé avec des partenaires. L’objectif est de faire passer les crédits alloués à ces entrepreneurs de 600 milliards en 2021 à 3 000 milliards de francs CFA en 2028.
Organisé par l’Agence de développement et d’encadrement des petites et moyennes entreprises (ADEPME), ce forum est placé sous le thème « PME et Innovation, leviers de souveraineté ». Il se tient sur trois jours, du 18 au 20 février, au Grand Théâtre et au Musée des Civilisations noires, avec la Turquie comme pays invité d’honneur.
« Pas de petits bras »
Devant le Premier ministre, la directrice générale de l’ADEPME, Marie Rose Faye, a rappelé que cet événement constitue un « espace de partage », avec une trentaine de panels et de masterclass, ainsi qu’une grande exposition réunissant 570 stands. Elle a également annoncé la création d’un réseau d’appui aux PME de la zone UEMOA, en cohérence avec la vision des nouvelles autorités.
Représentant le secteur privé sénégalais, Adama Lam a insisté sur la nécessité d’un changement de méthode. « Nous ne sommes pas de petits bras. Nous sommes capables de soulever des montagnes. Ce pays ne se développera qu’avec l’aide de ses fils », a lancé le président de la Confédération nationale des employeurs du Sénégal (CNES), appelant à une gestion plus transparente des ressources nationales.
Pour ce faire, le Premier ministre a insisté sur la notion de patriotisme économique, annonçant le dépôt imminent d’un projet de loi sur cette question à l’Assemblée nationale.
« Nous sommes à l’ère du patriotisme, qui est le moteur des Etats modernes. Il diffère du nationalisme et doit guider nos politiques économiques », a-t-il expliqué.
Toutefois, « l’affairisme d’Etat, c’est fini », a martelé Ousmane Sonko, sous les applaudissements nourris du public.
« Le vrai secteur privé aura tout l’accompagnement de l’Etat », a-t-il poursuivi, rappelant que les PME constituent l’épine dorsale de l’économie et un levier essentiel pour l’emploi et la résilience face aux chocs extérieurs.
Les besoins de l’Afrique
Ainsi, « nos ressources naturelles ne doivent plus sortir du continent dans les conditions que nous connaissons. L’Afrique a besoin de capitaux, de technologies et de stabilité », a déclaré le président du parti souverainiste Pastef, arrivé au pouvoir début avril 2024.
Il a aussi insisté sur la nécessité d’un développement énergétique robuste, précisant que 10 000 mégawatts d’énergie seront nécessaires d’ici 2050 et que le Sénégal entend capitaliser sur l’exploitation du gaz GTA, partagé avec la Mauritanie, pour industrialiser l’économie à travers les pôles territoires.
L’ambassadeur d’Allemagne au Sénégal a, pour sa part, réaffirmé la volonté de son pays d’accompagner la création d’emplois à travers le soutien aux PME, notamment via la formation professionnelle et l’accès au financement, principal frein à leur développement.
Keiko Miwa, directrice des opérations de la Banque mondiale au Sénégal, a mis en avant l’importance des réformes pour favoriser un écosystème de PME innovant. Elle a assuré que l’institution financière poursuivra son appui pour intégrer davantage les PME dans les chaînes de valeur locales.
Même si le Sénégal a besoin de ces différents soutiens, Ousmane Sonko a souligné la nécessité de définir des standards adaptés aux aspirations nationales, tout en annonçant la tenue, en avril prochain, du “Forum Invest in Senegal”, organisé par l’Agence pour la promotion des investissements et des grands travaux (APIX), qui constituera « un excellent cadre pour renforcer les investissements privés » dans le pays.
ODL/te/Sf/APA