Une table ronde de la Banque mondiale (BM) et du gouvernement sénégalais a mis jeudi en lumière les initiatives en cours pour renforcer les liens entre les universités, les entreprises et le marché de l’emploi.
« Nos établissements d’enseignement supérieur doivent évoluer pour former des citoyens capables de répondre aux exigences d’un monde où les compétences numériques, l’innovation et la flexibilité professionnelle sont devenues essentielles », a déclaré jeudi à Dakar Abdourahmane Diouf, ministre de l’Enseignement Supérieur, de la Recherche et de l’Innovation, présidant une table ronde sur le thème « Vers une meilleure employabilité des diplômés de l’enseignement supérieur au Sénégal : pratiques innovantes et opportunités mondiales ».
Co-organisée par la Banque mondiale et la Société financière internationale (IFC), elle a permis de discuter des défis et des solutions à mettre en place pour améliorer l’employabilité des jeunes diplômés et accélérer la transformation numérique dans les établissements d’enseignement supérieur. Le ministre a souligné que cette rencontre est une « volonté commune de faire face à un défi majeur, celui de préparer nos jeunes à intégrer un marché du travail en pleine mutation ».
Le Sénégal se trouve à un « tournant décisif » et sa jeunesse, qui représente une grande partie de la population, doit être préparée pour répondre aux exigences d’un monde où les compétences numériques et l’innovation sont essentielles. M. Diouf a ainsi précisé les mesures prises par le gouvernement pour améliorer l’employabilité, dont la révision des programmes d’enseignement pour intégrer des compétences pratiques et numériques, le renforcement des partenariats publics-privés, et l’instauration d’un suivi minutieux de l’insertion professionnelle des diplômés.
« Toutes ces questions feront l’objet de contrat de performance entre le ministère de l’Enseignement supérieur et les universités publiques. Ces contrats avec l’ensemble des universités publiques seront signés avant la fin du mois de mars » prochain, a indiqué le ministre, appelant à « l’engagement de toutes et de tous » pour que la vision des nouvelles autorités devienne réalité.
Keiko Miwa, directrice des Opérations de la Banque mondiale au Sénégal, a présenté les efforts de l’institution pour renforcer l’adéquation entre l’enseignement supérieur et le marché du travail. Elle a évoqué l’exemple de l’Institut supérieur d’études professionnelles (ISEP) de Thiès, une initiative qui offre une formation axée sur les compétences numériques et les besoins des entreprises.
Ce modèle a inspiré le projet ESPOIR-JEUNES, co-financé par la BM et l’AFD, qui vise à créer huit nouveaux établissements similaires dans des régions stratégiques. Elle a également souligné le paradoxe du taux de chômage élevé parmi les diplômés malgré l’expansion de l’enseignement supérieur, soulignant la nécessité d’un lien plus étroit entre le système éducatif et le monde professionnel.
« Une étude de 2022 montre que le taux de chômage des personnes hautement qualifiées double celui des personnes ayant une éducation de base », a-t-elle expliqué.
La représentante de la Société financière internationale (IFC), Nouma Dione, a abordé les mutations profondes que traversent les établissements d’enseignement supérieur. Elle a insisté sur l’importance d’intégrer l’intelligence artificielle (IA) et la littératie numérique dans les programmes d’études pour répondre aux exigences croissantes des employeurs.
« Nous vivons une époque de mutations profondes, où les défis auxquels sont confrontés nos établissements d’enseignement supérieur (EES) sont nombreux et complexes », a-t-elle affirmé, rappelant que l’IFC, au cours des 25 dernières années, a investi plus de 3,1 milliards de dollars dans des solutions éducatives innovantes pour soutenir le développement du capital humain.
ODL/ac/Sf/APA