Au Sénégal, les tensions à l’Assemblée nationale persistent entre les principaux groupes parlementaires à l’approche de la présentation improbable de la déclaration de politique générale (DPG) du Premier ministre Ousmane Sonko, prévue mercredi prochain.
Le groupe parlementaire Yewwi Askan Wi (YAW, libérer le peuple) et la majorité Benno Bokk Yaakaar (BBY, unis pour un même espoir) s’accusent mutuellement de violer les règles de l’Assemblée. Les tensions entre les deux camps, formés autour du nouveau Premier ministre Ousmane Sonko et de l’ancien président Macky Sall, ont été exacerbées par la controverse autour de la date de la DPG, fixée au 11 septembre 2024 par la majorité parlementaire issue de BBY.
Dans un communiqué publié jeudi 5 septembre, YAW a dénoncé une « violation grave et flagrante » du règlement intérieur de l’Assemblée par Amadou Mame Diop, président de l’institution, et par les représentants de BBY lors de la Conférence des Présidents tenue hier jeudi.
La coalition YAW, minoritaire au parlement bien que constituée autour du principal parti (Pastef), arrivée au pouvoir en mars dernier, critique la décision de tenir la DPG le 11 septembre. Elle estime que cette date va à l’encontre de l’article 97 alinéa 3 du règlement intérieur, qui impose un délai minimum de huit jours pour informer l’Assemblée avant la tenue de la DPG. Selon Ayib Daffé, président du groupe parlementaire YAW, cette précipitation viserait à « saboter et bâcler » le travail parlementaire.
« Cette stratégie de la terre brûlée ne vise qu’à saboter le travail parlementaire alors que la session extraordinaire expire le 19 septembre 2024 », a déclaré YAW, accusant BBY d’avoir imposé un calendrier de travail irréaliste, malgré la convocation par le président Bassirou Diomaye Faye de trois autres points à l’ordre du jour.
En réponse, Abdou Mbow, président du groupe parlementaire BBY, a rejeté ces accusations, affirmant que le Premier ministre et le président de la République cherchent à « manipuler » et à « esquiver » leurs responsabilités. Il a souligné que l’article 97 invoqué par YAW ne s’applique pas dans le cadre de la session extraordinaire, convoquée par le président Bassirou Diomaye Faye, et que la fixation de la date de la DPG relève des prérogatives de la Conférence des Présidents, conformément à l’article 19 du règlement intérieur.
« Ousmane Sonko n’est pas prêt à présenter sa DPG » et cherche à gagner du temps en recourant à des « manœuvres fallacieuses », a accusé Mbow à l’encontre de Sonko qui avait mené une forte opposition à Macky Sall avant que Bassirou Diomaye Faye ne remporte la présidentielle.
Ces échanges tendus surviennent alors que la session extraordinaire, ouverte le 5 septembre, doit se poursuivre jusqu’au 19 septembre 2024. Toutefois, le Président Faye pourrait constitutionnellement dissoudre l’Assemblée nationale dès le 12 septembre, soit deux ans après le début de la quatorzième législature, et convoquer de nouvelles élections législatives.
La nouvelle opposition, anticipant une telle possibilité, a déposé une motion de censure contre le gouvernement le mardi précédent. Certains observateurs estiment que le nouveau régime cherche à retarder cette procédure et à éviter que Sonko présente sa DPG avant la dissolution du parlement.
En revanche, Abdou Mbow a indiqué que les Sénégalais tireront les conséquences d’une éventuelle absence de Sonko à l’Assemblée, ce dernier ayant récemment affirmé qu’il n’y aurait pas de motion de censure, car les députés « auront autre chose à faire » d’ici le 12 septembre.
ODL/te/Sf/APA