Une rencontre de haut niveau a mis jeudi en lumière les résultats d’une étude sur le capital humain au Sénégal, proposant des changements sur les politiques d’insertion professionnelle, d’éducation et de couverture sanitaire.
Le Consortium pour la recherche économique en Afrique (CREA), en partenariat avec le Consortium pour la recherche économique et sociale (CRES), a organisé jeudi 24 octobre à Dakar un important dialogue axé sur le développement du capital humain au Sénégal.
Les discussions, qui ont réuni des experts et plusieurs représentants de ministères, ont abordé des thèmes stratégiques tels que la couverture sanitaire universelle, la migration de retour, la formation et l’insertion professionnelles, ainsi que la participation des femmes au marché du travail.
Les résultats des recherches présentés montrent que les jeunes Sénégalais bénéficiaires de la Convention nationale État-employeurs (Cnee) ont plus de chances de décrocher des contrats à durée indéterminée ou à durée déterminée avec des employeurs. « La formation en alternance augmente la probabilité d’obtenir un emploi avec un contrat à durée indéterminée (CDI) de 19,27 %, un contrat à durée déterminée (CDD) de 24,1 % et de 57,8 % pour un emploi régulier », a souligné Annet Adong, chercheuse ougandaise au CREA.
Créé en 1988, le Crea se positionne comme une institution de premier plan en matière de recherche et de renforcement des capacités en Afrique subsaharienne. Depuis sa création, il a encadré plus de 850 étudiants à travers la recherche et la formation doctorale. « Le renforcement des capacités est essentiel tant pour les individus que pour les institutions », a affirmé Marc Korin, responsable du CREA.
Par ailleurs, l’étude a révélé que la participation des mères au marché du travail réduit la probabilité de réussite scolaire des enfants en fin de cycle primaire. Toutefois, plus une mère est éduquée, plus les chances de réussite de ses enfants à l’école primaire sont élevées. Entre 2005 et 2020, la proportion de femmes actives au Sénégal est passée de 36,9% à 48,6%, ont précisé le directeur exécutif du Cres, professeur Abdoulaye Diagne, et ses collègues.
Ce dernier a insisté sur l’opportunité qu’offre le changement de régime politique intervenu en avril dernier pour « repenser ce qui a été fait » en matière de capital humain. Le chercheur sénégalais a appelé les nouvelles autorités à utiliser les fruits de cette recherche et les échanges pour repositionner son pays sur la voie d’une croissance plus inclusive.
L’étude a également révélé que l’adhésion à la Couverture maladie universelle (Cmu) favorise l’accès aux soins et améliore la productivité du travail. Cependant, des lacunes dans le « ciblage » des bénéficiaires persistent, a relevé Mme Adong, qui a recommandé à l’Etat d’élargir la couverture à davantage de travailleurs du secteur informel et rural.
En outre, la migration de retour a un impact positif significatif sur l’insertion professionnelle. « Les migrants de retour, indépendamment de leur région d’origine, s’intègrent mieux sur le marché du travail que les non-migrants », a affirmé Mme Adong, suggérant des programmes de requalification pour faciliter leur réintégration.
Outre des responsables issus de la primature, des ministères de l’Economie, de l’Education ou de la Formation professionnelle, l’événement a réuni des représentants de la société civile et des experts tels que des migrants de retour au Sénégal. L’objectif de la rencontre est d’évaluer les progrès accomplis en matière de capital humain, identifier les insuffisances et formuler des recommandations pour un renforcement efficace des capacités humaines du pays.
ODL/Sf/ac/APA