Le Pool judiciaire financier qui a remplacé la Cour de répression de l’enrichissement illicite (CREI) un an avant la chute du régime de Macky Sall, a sorti un communiqué faisant état de transactions douteuses autour de 125 milliards FCA.
Près de dix mois après l’arrivée des nouvelles autorités au Sénégal, la traque des biens mal acquis semble se poursuivre. Créé par le régime précédent et installé en septembre 2024 par le nouveau pouvoir, le Pool judiciaire financier, l’un des bras de la justice dédié à cette mission, a annoncé dimanche, par le biais du procureur financier El Hadji Alioune Abdoulaye Sylla, qu’il envisageait d’ouvrir une information judiciaire dans le cadre d’une vaste enquête portant sur des activités suspectes de blanchiment de capitaux, estimées pour le moment à plus de 125 milliards de Francs CFA.
« En application de l’article 66 de la loi n° 2024-08 sur le blanchiment de capitaux, le financement du terrorisme et de la prolifération des armes de destruction massive, le Parquet financier envisage l’ouverture d’une information judiciaire sous les chefs d’inculpations d’association de malfaiteurs, blanchiment de capitaux, escroquerie portant sur les deniers publics, corruption, trafic d’influence, abus de biens sociaux », a souligné le magistrat dans le communiqué reçu à APA.
Le procureur a indiqué avoir récemment été saisi de plusieurs rapports émanant de la Cellule nationale de traitement des informations financières (CENTIF), qui sont en cours d’analyse. L’un de ces rapports fait état de faits impliquant « plusieurs personnes », sans citer leurs noms.
« Les investigations menées révèlent des mécanismes sophistiqués de blanchiment de capitaux, par le truchement de sociétés écrans qui auraient été utilisées pour des transactions suspectes d’une valeur estimée provisoirement à plus de 125 milliards de francs CFA », a ajouté El Hadji Alioune Abdoulaye Sylla.
Le Pool judiciaire financier, qui a remplacé la Cour de répression de l’enrichissement illicite (CREI) – laquelle avait notamment condamné des dignitaires du régime d’Abdoulaye Wade (200-2012), dont son fils Karim Wade –, a été créé par une loi votée le 2 août 2023. Doté d’une compétence nationale, il est rattaché au tribunal de grande instance hors classe de Dakar et à la Cour d’appel de Dakar, avec pour missions de se consacrer à la répression des infractions économiques et financières.
ODL/Sf/ac/APA