Après des années de difficultés, la Société nationale de commercialisation des oléagineux du Sénégal (SONACOS) retrouve progressivement une activité soutenue en réinventant son modèle, conjuguant ambition industrielle, responsabilité sociale et vision stratégique nationale.
Dans les couloirs de la Société nationale de commercialisation des oléagineux du Sénégal (SONACOS), un vent de renouveau souffle désormais. Nommé en mai dernier par le président Bassirou Diomaye Faye, El Hadj Ndane Diagne tente tant bien que mal à relever un défi aussi complexe que stratégique : réhabiliter une entreprise emblématique du secteur agro-industriel sénégalais, longtemps restée en sommeil.
« Je suis dans le métier depuis longtemps. Le modèle de SONACOS n’est en rien nouveau pour moi », explique-t-il avec une assurance qui tranche avec l’état critique de l’entreprise lors de sa prise de fonction.
Les chiffres sont sans appel : en 2023, seulement 12 000 tonnes d’arachides ont été collectées, un volume dérisoire comparé aux performances historiques de SONACOS. « La société était à un niveau vraiment très bas en termes de performance », fait savoir M. Diagne.
Les infrastructures industrielles présentaient un tableau tout aussi sombre : des équipements obsolètes, une technologie « vraiment en retard », et des unités de production à l’arrêt. Un diagnostic interne, complété par un audit externe, a permis de cartographier précisément les défis à relever.
Redémarrage et modernisation
Dès juin, une stratégie de reconquête a été mise en place. Les usines de Dakar, Ziguinchor, Kaolack, Louga et Diourbel ont été réactivées, marquant le début d’une nouvelle ère. « Nous avons commencé par redémarrer les machines pour transformer les 12 000 tonnes collectées l’année précédente », explique-t-il.
Les résultats sont déjà perceptibles. À Ziguinchor, la production journalière est passée de 120 à 247 tonnes, avec la perspective encourageante d’atteindre 260 ou 275 tonnes quotidiennes, confie le DG de la SONACOS.
La relance de cette infrastructure s’accompagne d’une dynamique sociale remarquable. À Ziguinchor, 500 emplois directs ont été créés, générant également de nombreux emplois indirects. « Aujourd’hui, je peux dire que la SONACOS est l’une des rares sociétés capables de créer jusqu’à 7 000 emplois sur tout le territoire », affirme fièrement M. Diagne.
Pour la présente campagne, l’objectif est des plus ambitieux : collecter 300 000 tonnes d’arachides. « Nous avons dépassé 2 000 tonnes par jour, et nous pensons atteindre bientôt 3 000 voire 3 500 tonnes », confie-t-il.
Face aux pratiques illicites de fixation des prix, SONACOS a mis en place des mesures strictes. L’entreprise s’est engagée à payer les transporteurs sous 48 heures après le déchargement et a déboursé 3 milliards de francs CFA pour aider les opérateurs à ouvrir des points de collecte.
L’objectif ? Garantir le respect du prix plancher de 305 francs CFA par kilo fixé par l’État. « Si un producteur parvient à vendre plus cher, nous encourageons cela, mais jamais en dessous du prix plancher », précise M. Diagne.
Souveraineté alimentaire et vision régionale
SONACOS ambitionne de contribuer à la souveraineté alimentaire du Sénégal en produisant suffisamment pour atteindre l’autosuffisance en huile, tout en explorant d’autres cultures comme le tournesol et le soja.
Des discussions sont également en cours avec le groupe SIFCA en Côte d’Ivoire et la SN-Citec (Société nouvelle huilerie et savonnerie) du Burkina Faso pour échanger des compétences et répliquer des modèles réussis.
Malgré les progrès, des défis persistent. Les rendements agricoles varient significativement selon les zones, de 1 400 kilos par hectare dans le sud-sud-est à parfois moins de 400 kilos ailleurs.
ARD/Sf/te/APA