La formation vise à harmoniser les systèmes de collecte de données et à renforcer les compétences analytiques des participants, afin de permettre aux décideurs politiques de prendre des décisions éclairées sur l’avenir de l’agriculture en Afrique.
Dans un monde où l’agriculture doit répondre aux défis croissants du changement climatique et de la sécurité alimentaire, la maîtrise des données et des technologies associées devient un impératif. C’est dans ce cadre que le Coraf et le Fara organisent, à Dakar, un atelier de formation dédié aux experts en suivi-évaluation (S&E) et en gestion des connaissances (GC) des communautés de pratique (CoP) de l’Afrique de l’Ouest et du Centre.
Cet atelier, inscrit dans le projet intitulé : « Programme Détaillé de Développement de l’Agriculture en Afrique (CAADP-XP4, sigle anglais) », vise à renforcer la capacité de ces experts à utiliser efficacement les plateformes numériques pour la collecte, l’analyse et l’application des données dans le secteur agricole.
Le projet CAADP-XP4, lancé en 2019 et soutenu par l’Union européenne et le Fonds international de développement agricole (Fida), aspire à transformer l’agriculture africaine par l’innovation scientifique et la collaboration régionale.
« Le véritable défi auquel nous sommes confrontés aujourd’hui est lié à la collecte de données et à l’appropriation des outils pour leur traitement », a déclaré Anselme Vodounhessi, formateur et représentant du directeur exécutif du Fara, relevant la centralité des données dans cette démarche.
Par ailleurs, il a indiqué que les indicateurs définis dans le cadre de l’Agenda 2063 de l’UA et de la Déclaration de Malabo sont essentiels pour évaluer les progrès réalisés par les pays africains. Cependant, le manque de ressources et d’infrastructures adéquates pour la collecte de données reste un obstacle majeur. « La collecte de données nécessite des ressources, des infrastructures que beaucoup de pays ne possèdent pas, ce qui freine leur capacité à répondre efficacement aux engagements pris », a-t-il ajouté.
L’atelier, qui se tient du 12 au 17 août devrait permettre de former les experts à l’utilisation de la plateforme MEL (Monitoring, Evaluation, and Learning) du projet CAADP-XP4, un outil numérique de gestion des connaissances conçu pour améliorer la planification, le suivi des progrès, et la production de rapports.
Emmanuel Njukwe, directeur de la recherche et de l’innovation du Coraf, a insisté sur la nécessité de disposer de données fiables et uniformes pour guider les décisions politiques et optimiser les investissements agricoles. « Il est crucial que les données collectées soient accessibles et correctement utilisées pour orienter les politiques publiques. Nous devons évoluer avec le temps et adopter les outils de traitement de données les plus récents », a-t-il affirmé.
Le projet CAADP-XP4 ne se limite pas à la formation des experts, mais inclut également le développement d’une base de données continentale des experts en agriculture, nutrition, et politiques alimentaires. Cette base de données, intégrée au système de gestion des connaissances du CAADP-XP4, est essentielle pour faciliter le partage d’expertise et promouvoir une utilisation efficace des ressources scientifiques à travers le continent.
La réunion de partage de la plateforme MEL et KM, tenue en juillet 2023 au Burkina Faso, avait déjà mis en lumière l’urgence de rendre interopérables les systèmes de gestion des connaissances des différentes organisations membres du CAADP-XP4.
Suite à cette réunion, l’atelier de Dakar vise à promouvoir ces outils parmi les coordinateurs S&E et GC de la région, avec un accent particulier sur l’appropriation des plateformes numériques par les experts nationaux. L’objectif final est de développer un plan d’action qui permette une utilisation systématique et optimale des données collectées pour maximiser l’impact des programmes agricoles dans les pays membres.
« La maîtrise de ces outils n’est pas seulement une question de compétence technique ; elle est essentielle pour éviter les répétitions d’efforts et pour maximiser l’efficacité des interventions à travers le continent » a conclu M. Njukwe.
ARD/ac/Sf/APA