Après que plusieurs pays, dont le Danemark et la Finlande, ont exprimé leur soutien à l’initiative « sérieuse et crédible » du Maroc, l’Estonie a modifié sa position. Elle est passée d’un soutien général au processus politique de l’ONU à une approbation spécifique du Plan d’autonomie marocain comme solution viable au conflit.
Le ministre des Affaires étrangères de l’Estonie, Margus Tsahkna, a réitéré ce jour le soutien indéfectible de son pays au plan d’autonomie proposé par le Maroc pour le Sahara occidental, lors de sa visite officielle dans ce pays d’Afrique du Nord. Cette visite, qui célèbre plus de 30 ans de relations diplomatiques entre l’Estonie et le Maroc, met en lumière l’engagement de l’Estonie à devenir un partenaire stratégique de premier plan dans la région, tout en renforçant son rôle au sein de l’Union européenne (UE) et de l’Organisation du traité de l’Atlantique nord (OTAN).
Dans une déclaration, M. Tsahkna a précisé : « L’Estonie a pris la décision de soutenir ce plan d’autonomie, présenté par le Maroc en 2007 sous les auspices des Nations Unies et de son Secrétaire général ». Ce soutien appuie non seulement la reconnaissance de la souveraineté marocaine sur le Sahara, mais s’inscrit également dans une stratégie plus large visant à promouvoir la stabilité dans une région marquée par des tensions géopolitiques.
Le ministre estonien a rappelé les liens historiques unissant les deux nations, affirmant : « Le Maroc a reconnu l’Estonie peu de temps après notre recouvrement de l’indépendance en 1991. Depuis, nos relations se sont développées de manière pragmatique et étroite ». Ayant retrouvé son indépendance après des décennies d’occupation soviétique, l’Estonie a mis à profit son expertise en matière de numérique pour renforcer ses relations internationales.
« Nous sommes à l’avant-garde de la numérisation, et pouvons-nous targuer d’être une référence mondiale en matière de digitalisation des services publics », a déclaré M. Tsahkna. Il a ajouté que l’expérience de l’Estonie dans la gouvernance numérique pourrait grandement bénéficier au Maroc, notamment dans le cadre de la gestion de ses ressources publiques et de ses services, y compris dans le contexte sensible du Sahara.
La récente stratégie marocaine à l’horizon 2030, qui met l’accent sur la gouvernance et le développement dans plusieurs secteurs, offre des opportunités de coopération avec l’Estonie. « Nous avons convenu de collaborer étroitement, car nous avons une solide expérience en matière de réformes », a souligné Tsahkna, tout en précisant que l’Estonie est prête à partager ses solutions de gouvernance numérique avec le Maroc. Il a également insisté sur la nécessité de ne pas se concentrer uniquement sur la technologie, mais aussi sur le développement de la transparence et de la confiance au sein des services publics.
Le Maroc, de par sa position stratégique en tant que porte d’entrée vers l’Afrique, est perçu par l’Estonie comme un partenaire de premier plan. « Le Maroc est un allié fiable et constitue une passerelle incontournable vers l’Afrique pour les pays européens », a expliqué le ministre estonien. Le gouvernement estonien considère qu’une relation stable avec le Maroc pourrait faciliter des partenariats économiques plus profonds, tout en ouvrant des perspectives d’accès aux marchés africains, particulièrement dans le contexte de la question du Sahara, qui a longtemps freiné les investissements étrangers et la stabilité régionale.
Le rôle de la gouvernance numérique dans ce partenariat ne saurait être sous-estimé. Avec 99 % de ses services publics numérisés, l’Estonie se veut un modèle à suivre. M. Tsahkna a évoqué la solution technique « X-Road », capable d’intégrer plusieurs bases de données et susceptible d’améliorer la prestation des services publics au Maroc. L’objectif est d’adapter ces outils aux besoins spécifiques du Royaume, afin de favoriser un environnement de collaboration propice à une croissance mutuelle.
Le ministre a également mis en avant le potentiel des partenariats économiques entre les entreprises estoniennes et marocaines. « Nous sommes prêts à élaborer des solutions sur mesure pour répondre aux besoins du Maroc, et nos entreprises sont prêtes à investir dans des coentreprises », a-t-il affirmé. Selon lui, ces collaborations pourraient notamment porter sur les secteurs de la technologie, de l’innovation et de la défense.
Alors que la situation géopolitique en Afrique du Nord est en pleine mutation, le partenariat stratégique entre l’Estonie et le Maroc se dessine comme une opportunité pour relever les défis régionaux, notamment ceux liés au conflit du Sahara. « Le Maroc joue un rôle de leader et est un partenaire de confiance pour l’Union européenne », a affirmé Tsahkna, soulignant l’importance du Royaume dans la stratégie diplomatique croissante de l’UE en Afrique.
En parallèle, le ministre a plaidé pour un renforcement des échanges culturels et de la coopération dans le domaine de l’éducation, espérant voir un plus grand nombre d’étudiants marocains rejoindre les universités estoniennes. « Encourager les échanges culturels permettra de créer des relations durables, au-delà des considérations politiques », a-t-il déclaré.
Le soutien de l’Estonie au plan d’autonomie marocain s’inscrit dans un contexte historique et stratégique majeur. Ce partenariat marque une étape importante dans les relations bilatérales entre les deux nations, en cherchant à combiner innovation et coopération pour promouvoir la stabilité régionale et le développement économique. « Nos relations dépassent le cadre politique ; elles visent à instaurer la confiance et à améliorer la qualité de vie de nos citoyens », a conclu M. Tsahkna.
RT/Sf/ac/APA